La pandémie de la Covid-19 a démontré que la santé était également un enjeu pour les services de renseignement. À la fois pour suivre les évaluations et les évolutions de la crise, mais aussi pour évaluer les risques et anticiper de nouvelles épidémies dont la menace biologique reste une réalité.
Renseignement et santé
Intelligence and Health
The Covid-19 pandemic has shown that health presents a further challenge for the intelligence services: to keep up with the assessment and development of the crisis and also to assess the risks and look ahead to other epidemics that pose a legitimate biological threat.
L’intérêt des services de renseignement pour les questions sanitaires est ancien. Pour le renseignement militaire, il est en effet vital de comprendre l’impact d’une épidémie sur un théâtre d’opérations extérieur, sur la manœuvre de ses forces et de celles de l’adversaire, tout comme les actions civilo-militaires possibles. Pour le renseignement politique, évaluer la façon dont une crise sanitaire peut déstabiliser les sociétés civiles d’États partenaires ou hostiles, fragiliser ses élites dirigeantes est essentiel. De même, dans le cas du renseignement intérieur, l’impact sur un territoire et les conséquences sur l’ordre public sont une priorité évidente. Enfin, pour le renseignement d’intérêt économique, l’intérêt de protéger ses chaînes de valeurs stratégiques ne date pas de la Covid-19.
Le rapport du National Intelligence Estimate publié en 2000 constitue cependant un tournant, car c’est la première fois que la communauté du renseignement américain considère les maladies infectieuses émergentes (EID – Emerging Infectious Disesases) comme une menace pour la sécurité nationale. Depuis, les rapports successifs du NIE (1) s’attachent à analyser les interactions entre les pandémies et les déstabilisations géopolitiques et sécuritaires systémiques dont elles sont porteuses.
Face aux données collectées par les agences scientifiques, les réseaux mondiaux de veille sanitaire et les acteurs privés, les services de renseignement apportent une réelle valeur ajoutée, s’agissant d’États autoritaires. Toutefois, anticiper, modéliser et scénariser les crises sanitaires de demain, qui seront marquées par la multiplication des zoonoses, imposent de concevoir des pratiques nouvelles du renseignement. Ces approches amènent les services de renseignement (2) à développer de nouveaux modes d’interaction avec les communautés scientifiques et l’expertise extérieure au sens large.
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