Le mode de conduite politico-militaire des opérations a été transformé à l’issue de la guerre du Golfe. Le rôle du Chef d’état-major des armées (Céma) a été renforcé, de même que l’organisation du commandement opérationnel. Le choix de la professionnalisation s’est imposé en 1996. La prochaine étape serait un Conseil de sécurité rattaché au Président.
La transformation de la conduite politico-militaire de la guerre à l’issue de la guerre du Golfe
Transformation of the Politico-Militairy Conduct of War Since the Gulf War
The politico-military approach to conduct of operations has been transformed since the end of the Gulf War. The role of CEMA (the Chief of Staff of the armed forces) has been strengthened, as has the organisation of operational command. Furthermore, the forces were professionalised in 1996. The next step could be a presidential security council.
Lorsque l’Irak envahit le Koweït, le 2 août 1990, la situation stratégique de la France venait depuis quelques mois de basculer en raison de la fin de la guerre froide. La disparition de la menace du pacte de Varsovie permettait en effet d’augurer de l’émergence d’un monde multilatéral géré par la communauté internationale. Notre appareil de défense, toujours fondé sur la dissuasion nucléaire, et notre diplomatie devaient alors être réorganisés pour permettre à la France d’assumer pleinement son rôle de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies dans le maintien de la paix dans ce monde nouveau.
La crise irakienne qui surgit en août 1990 servit alors de révélateur de l’inadaptation de l’État à la gestion de crises d’une certaine ampleur, mais aussi de la nécessité d’une réorganisation totale du commandement des armées, jusque-là construit pour répondre principalement à la menace du pacte de Varsovie. La transformation de ces deux volets indissociables du changement de notre organisation pour faire face aux crises politico-militaires fut entreprise dès la fin de la guerre du Golfe et elle s’acheva en 1993. La brièveté de la durée de cette transformation, dont l’essentiel est toujours en vigueur, est une des raisons de sa cohérence.
L’expérience de la guerre du Golfe
La gestion des crises appartenait depuis le début de la Ve République au domaine réservé du chef de l’État. Elle était assumée par le Président lui-même, assisté par ses conseillers et notamment par le chef d’état-major particulier (CEMP), puis elle était mise en œuvre par les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, sans que le Premier ministre soit partie prenante à la prise de décision. Le Parlement n’était pas saisi, mais seulement informé. Cette procédure, clairement insuffisante en termes de planification, convenait néanmoins, car les crises, essentiellement africaines, étaient jusqu’alors peu importantes.
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