La guerre du Golfe a entraîné de profondes évolutions pour les armées françaises, ayant pris conscience de lacunes structurelles. Aujourd’hui encore, la structure de commandement national a été nettement améliorée, permettant à la France de démontrer une grande efficacité dans la conduite des opérations.
La guerre du Golfe : un précédent qui continue de façonner la structure de commandement française
The Gulf War: a Precedent which Continues to Shape the French Command Structure
The Gulf War led to significant changes for the French forces, which had taken note of structural failings. Today, the national command structure has been markedly improved, allowing France to show considerable effectiveness in the conduct of operations.
La première guerre du Golfe pose en son temps un certain nombre de défis aux planificateurs occidentaux. Face à l’armée la plus puissante du Moyen-Orient (1) et à la détermination de son chef, tout indique que les États-Unis et ses alliés s’acheminent vers une guerre qui non seulement est loin de leurs frontières, mais peut aussi être longue et coûteuse en vies humaines. L’opération Tempête du Désert (Desert Storm) confirme le tournant stratégique observé à l’échelle mondiale avec l’affaiblissement de l’Union soviétique. L’adversaire puissant n’est plus nécessairement aux portes de l’Europe, mais peut surgir en tout point du globe. Pour la France, cette guerre démontre que la protection du sanctuaire national ne peut être la seule mission confiée aux Armées ; elles doivent désormais pouvoir mener des combats sur des terres lointaines, face à des adversaires puissants, déterminés et de façon durable. Cette évolution du cadre des engagements qui marque le début des années 1990 s’accompagne de problématiques militaires fortes.
L’interopérabilité sous toutes ses formes : le défi des coalitions
La guerre du Golfe rappelle la difficulté à mener une opération en coalition. Rassemblées sous la bannière de l’ONU dans le cadre de la résolution 678 (2), dirigées par les États-Unis, une trentaine de nations constituent la plus forte coalition depuis la Seconde Guerre mondiale. La déclinaison sur le théâtre d’opérations de cet engagement politique pose un certain nombre de défis que l’on peut regrouper sous le terme d’interopérabilité.
Si le commandement par les États-Unis n’est pas remis en question, les processus de commandement sont diversement maîtrisés par les membres de la coalition. Emmenés par les États-Unis, les travaux de planification obéissent à une méthodologie qui n’est pas partagée par leurs principaux alliés, à commencer par la France. En dépit de notre contribution effective et de la détermination de nos chefs, nous avons beaucoup de mal à faire valoir nos points de vue dans les structures de commandement de la coalition sur le théâtre. C’est en particulier vrai pour l’Armée de l’air. L’USAF, l’armée de l’air américaine, met en place le commandement unique de toutes les forces aériennes déployées, et s’appuie notamment sur des structures et des outils de commandement novateurs, comme le JFAC (Joint Force Air Component Commander), une structure de commandement d’une composante aérienne d’une force interarmées, ainsi que l’ATO (Air Tasking Order) qui permet de coordonner dans le temps et dans l’espace les vols des avions. Ce sont des bouleversements avec lesquels nos aviateurs ne sont pas encore familiers.
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