La guerre contre l’Irak fut un véritable révélateur des lacunes des armées françaises, malgré la qualité de son personnel. Formatés par la guerre froide, les forces et services eurent à se réorganiser en profondeur avec notamment la professionnalisation. Les évolutions se firent dès la fin du conflit, au regard du Retex.
Les conséquences de la guerre contre l’Irak pour l’organisation militaire française
Consequences of the War against Iraq for the French Military Structure
The war against Iraq clearly revealed shortcomings in French forces despite the quality of their personnel. Formatted by the needs of the Cold War, the forces and services needed fundamental reorganisation and, in particular, professionalisation. Developments took place from the end of the conflict as a result of lessons learned.
Le ministre qui remplaça M. Jean-Pierre Chevènement, démissionnaire, M. Pierre Joxe, demanda au Contrôle général des Armées (CGA) de mener une évaluation de la participation française aux opérations militaires en Irak. Cette demande innovait. Jusqu’en 1968, le ministre de chaque armée disposait d’un organisme de contrôle qui lui était réservé. Il n’était pas envisageable que ces organismes puissent gêner le commandement lors de ses activités opérationnelles ni même qu’ils s’occupent de la manière de conduire les combats. La suppression des ministres de la Marine et de l’Air, puis la fusion des contrôles par armée en un organe de contrôle unique pour l’ensemble des questions militaires occasionna une redéfinition des missions du nouvel organisme. Ainsi, l’enquête, demandée par le ministre, bien que ne commençant auprès des forces qu’après la cessation des combats, ouvrait un nouveau domaine de compétence pour le CGA, à savoir l’analyse de la manière dont avaient été conduites les opérations militaires. Ce premier rapport fut suivi, plus tard, à propos des opérations au Tchad, d’autres évaluations par le CGA de l’action de nos armées.
Seront envisagées, ci-après, les conséquences plus ou moins lointaines des constatations partagées par les diverses autorités concernées en 1991 à l’occasion de l’analyse des opérations en Irak. Insistons sur le fait que l’armée française était organisée et équipée pour combattre en Europe de l’Est. Elle n’était pas en mesure de projeter par ses propres moyens du matériel lourd outre-mer ; elle intervenait en Afrique avec des troupes dépassant rarement un régiment et sans matériel lourd, s’appuyant sur de petites garnisons préexistant au Gabon, au Tchad et en Côte d’Ivoire et sur son aviation de combat. Depuis la guerre d’Algérie elle était restée une armée d’effectifs.
Le service national en question
La première difficulté rencontrée pour mettre sur pied une force française cohérente a pris corps à propos du statut des jeunes gens accomplissant leur service militaire. La loi prévoyait qu’ils n’étaient requis que pour défendre le territoire national au sens large. Il semble que cette limitation n’ait pas été initialement perçue à la présidence de la République. D’ailleurs, la question qui avait été évoquée à propos des guerres coloniales s’était posée sous une législation différente.
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