La relation États-Unis–Chine est rentrée dans une nouvelle phase plus conflictuelle avec un rapport de force clairement assumé dans le Pacifique. Mais on peut s’interroger sur la pertinence de la stratégie américaine face à Pékin dont la démarche s’apparente davantage au jeu de go, qu’à la recherche du choc frontal.
Une stratégie risquée pour les États-Unis dans le Pacifique ?
A Risky US Strategy in the Pacific?
Relations between the United States and China have entered a new phase of conflict, with clearly-stated aims for balance of power in the Pacific. One might nevertheless question the pertinence of American strategy with regard to Beijing, whose approach resembles more a game of Go than any search for direct confrontation.
Il n’est pas difficile, pour qui le souhaite, de connaître par le détail les éléments de l’immense dispositif militaire mis en place par l’Amérique pour « contenir » la Chine. Les médias se chargent de nous rapporter, en continu, faits, stratégies et chiffres – avec, notamment, le nombre de bâtiments en tout genre déployés par l’Amérique et par la Chine sur ce futur terrain d’opération. À l’occasion de la crise des sous-marins, on a ainsi appris que les États-Unis, du fait de la vulnérabilité de leur flotte aux missiles chinois, se préparaient à s’engager dans une guerre des profondeurs par sous-marins nucléaires interposés. Les capacités de ces sous-marins et l’articulation de leur intervention possible avec les autres éléments de l’aéronavale américaine nous furent décrites avec précision. Nous n’échappons même pas au retour de ce petit frisson de peur de notre jeunesse, quand on nous explique que, comme du temps de l’URSS, une « simple erreur de calcul » dans le Pacifique pourrait transformer le monde en terrible brasier nucléaire.
La recherche chinoise d’un Verkherraum
Ces virils discours se déploient cependant en évitant de poser une question fondamentale. Pour que le dispositif militaire prenne vie, que les propriétés de tous ces systèmes d’armes apparaissent et que les vertus des stratégies éclatent au grand jour, encore faudrait-il que la Chine se décide un jour à attaquer ou, à tout le moins, à créer un casus belli ! Les « provocations » chinoises ne suffisent pas. Faute d’attaque directe – contre les États-Unis ou contre Taïwan ou, depuis peu, contre l’Australie – ou faute de véritable casus belli, avions, missiles, sous-marins et autres dispositifs militaires américains sont condamnés à rester dans les hangars pour rejouer, en boucle et indéfiniment, le scénario du Désert des Tartares.
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