L’Ukraine a largement connu les tourmentes de la Seconde Guerre mondiale en étant une des régions de l’Est où la confrontation entre l’Allemagne nazie et l’URSS de Staline a été d’une violence et d’une intensité exceptionnelles et où les populations civiles ont souffert le martyre.
Campagnes allemandes et soviétiques en Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale
German and Soviet Campaigns in Ukraine During the Second World War
Ukraine suffered much of the torment of the Second World War since it was one of the eastern regions in which the confrontation between Nazi Germany and Stalin’s USSR was of exceptional violence and intensity, and in which the civil populations went through hell.
À l’été 1939, Joseph Staline était persuadé que la guerre entre l’URSS et le IIIe Reich était inévitable à moyen terme. Il ne se trompait pas, ce conflit était bel et bien en gestation dans le cerveau du dictateur allemand. Compte tenu des grandes purges de 1937 et des procès de Moscou qui en furent l’illustration, il lui fallait gagner des délais pour en retarder l’échéance afin de permettre la remontée en puissance de l’Armée rouge dont le haut commandement avait été quasiment décapité par ces purges. Quant à Hitler, hanté par le souvenir de la guerre sur deux fronts, situation de 1914, il voulait s’assurer de la neutralité soviétique, alors que tout indiquait que l’attaque contre la Pologne allait provoquer l’entrée en guerre des alliés occidentaux franco-britanniques. C’est dans ce double raisonnement qu'il convient de chercher les causes du Pacte de non-agression germano-soviétique, signé à la stupéfaction du monde le 23 août 1939, mais chef-d’œuvre de Realpolitik, entre deux États totalitaires que tout opposait.
En occupant la Pologne orientale entre la ligne Curzon, son ancienne frontière avec la Pologne, et le cours du Bug, Staline gagnait ainsi de la profondeur stratégique, le contact avec son futur ennemi étant reporté loin à l’ouest de la Russie Blanche. Toute sa politique au cours de l’année suivante, en 1940, consistera à améliorer ce glacis protecteur par toute une série d’annexions arbitraires : en Finlande, dans l’isthme de Carélie, protégeant ainsi Leningrad face au nord ; dans les États baltes, rétablissant la profondeur stratégique qui existait au profit de Saint-Pétersbourg, avant 1918 ; en Bukhovine et en Bessarabie (la Moldavie actuelle), se donnant ainsi du champ par rapport à la Roumanie, qui allait par ailleurs rejoindre l’Axe fin 1940, au même titre que la Hongrie. Fin 1940, toutes les pièces du puzzle étaient en place.
Les débuts de Barbarossa en Ukraine
Comment se présente le théâtre ukrainien au moment de l’ouverture des hostilités le 22 juin 1941 ? Alors que les théâtres polonais et baltes présentent un débouché orienté quasiment partout nord-sud pour les Allemands face aux Soviétiques, le théâtre ukrainien se présente comme un gigantesque angle droit : orienté d’abord est-ouest depuis Odessa sur la mer Noire jusqu’à la frontière avec le « Gouvernement général de Pologne », où il s’incurve vers le nord pour se rattacher aux théâtres polonais et baltes. Ce théâtre ukrainien est cloisonné au nord, entre Minsk et Kiev par une zone impraticable militairement, les marais du Pripet (1), correspondant au cours moyen du Dniepr. Entre cette vaste zone de marais et les Carpathes, il existe un profond couloir de pénétration – divergeant du couloir central qui conduit à Moscou par Minsk et Smolensk – mais qui assure, depuis la trouée de Volhynie jusqu’à la région de Kiev, l’accès au grenier à blé ukrainien, ainsi qu’au fer du Donetz et à ses infrastructures industrielles, et, plus loin, au pétrole du Caucase (Maïkop et Bakou).
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