Depuis la chute du Mur, défendre l’Europe est une question sensible avec des approches différentes, complémentaires ou concurrentielles. Entre l’Otan aux vertus rassurantes, mais insuffisantes et l’UE ayant longtemps récusé la notion de puissance, l’Europe doit trouver sa voie pour affronter les défis stratégiques.
Défense de l’Europe et Europe de la défense (1/2)
Defending Europe and European Defence(1/2)
Defending Europe has been a sensitive subject since the fall of the Wall, with varying approaches, both complementary and competitive. Between NATO, with its reassuring but insufficient virtues, and the EU, which has for long objected to the notion of power, Europe has to find its way in order to confront strategic challenges.
L’Union européenne est un mastodonte économique qui regroupe 450 millions d’habitants réunis dans un marché unique, lequel génère le 2e PIB de la planète. Elle reste cependant un ventre mou géopolitique pour plusieurs raisons : la diplomatie et la défense demeurent des domaines intergouvernementaux, et le haut représentant de l’UE pour sa politique étrangère et de sécurité a peu de prérogatives, et ne peut agir que sur la base des consensus trouvés entre les 27.
Au niveau politique, les affaires de défense n’ont même pas de réceptacle propre puisqu’il n’existe pas de « Conseil de défense » au sein de l’UE. Ces réalités institutionnelles en disent long sur la volonté des États-membres de conserver ces fonctions régaliennes sous de strictes tutelles nationales, même s’il ne faut pas nier les efforts accomplis pour se doter d’outils, à tous les niveaux.
Ainsi en est-il de la politique de défense et de sécurité commune (PSDC) qui, sur le papier, déploie des axes capacitaires, opérationnels et industriels. Des outils de mise en œuvre, parfois embryons d’outils, ont été mis en place : le Comité politique et de sécurité (COPS) pour l’étage politique et l’institution qui le soutient, le Service européen d’action extérieure (SEAE) ; le Comité militaire de l’UE (CMUE) pour les affaires politico-militaires, soutenu par l’état-major de l’Union européenne (EMUE) ; enfin, l’Agence européenne de défense (AED) placée sous l’égide du Haut représentant, veille sur la préservation de la base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE).
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