Okinawa résonne de manière spécifique dans la relation sino-américaine. Depuis la bataille du printemps 1945, la présence militaire américaine y est massive. Malgré une certaine contestation sur l’île, Tokyo ne remet pas en cause le rôle central d’Okinawa pour Washington.
La présence militaire américaine sur l’île d’Okinawa au cœur de l’alliance nippo-américaine
US Military Presence on Okinawa at the Heart of the Japanese-American Alliance
Okinawa has a special place in the Sino-American relationship. US military presence there has been massive ever since the battle in the spring of 1945. Despite a degree of dispute on the island, Tokyo does not question the central role Okinawa plays for Washington.
Point de salut hors de la base. La réélection le dimanche 23 janvier du maire de Nago, dans la baie de Henoko sur l’île d’Okinawa, Taketoyo Toguchi, porte un coup sévère au mouvement militant contre la relocalisation de la base militaire américaine de Futenma à Henoko. Proche du pouvoir central, le maire a pris soin de ne pas se prononcer concernant la présence militaire américaine sur l’île, quand son principal concurrent prenait ouvertement le parti des contestataires. Le résultat de ce scrutin renforce le cabinet du Premier ministre Fumio Kishida et rassure Washington, dont l’importance stratégique d’Okinawa est fondamentale dans son architecture de défense indopacifique : 26 000 hommes y sont stationnés. Néanmoins, ce récent scrutin alimente le sentiment de défiance de la population, mobilisée contre la relocalisation de la base. Retour sur ce dossier qui envenime la vie politique okinawaïenne depuis plus de cinquante ans.
La naissance d’une emprise américaine
Au commencement était la bataille d’Okinawa, du 1er avril au 22 juin 1945, dont la mémoire reste vive parmi les habitants de l’île. Située au sud-ouest de la principale île du Japon, au cœur de l’archipel Ryukyu et à mi-chemin avec Taïwan, Okinawa est le théâtre de violents affrontements pendant 82 jours. Le bilan s’élève à 150 000 morts civils. Environ 80 000 soldats japonais et 14 000 Alliés y perdent la vie. La bataille a marqué les esprits notamment par l’utilisation massive de kamikazes par l’armée japonaise (environ 4 000) et les suicides collectifs consécutifs à la victoire américaine, incités par l’armée nippone elle-même (1). Elle contribue à la capitulation de l’empereur Hirohito qui conduit à l’installation du United States Military Government of the Ryukyu Islands (Gouvernement militaire américain des îles Ryukyu) de 1945 à 1950 à Okinawa.
Les États-Unis disposent alors de l’autorité complète pour administrer la préfecture d’Okinawa, qui se compose de 160 îles. Initialement sous le contrôle de l’US Navy puis de l’US Army, l’archipel d’Okinawa est alors, stricto sensu, un territoire japonais en vertu du principe de « souveraineté résiduelle » énoncé par l’ancien secrétaire d’État John Foster Dulles, sans que nul ne se fasse d’illusion sur le véritable maître des îles Ryukyu. À partir de 1950, le Gouvernement militaire américain cède la place à la United States Civil Administration of the Ryukyu Islands (Administration civile américaine des îles Ryukyu), dirigée d’abord par le commandant en chef des forces américaines en Extrême-Orient, avant d’être placée sous l’autorité du secrétaire d’État et du secrétaire à la Défense américains (2). La monnaie est le dollar américain et on y roule à droite.
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