L’Otan est mise sur pied au début des années 1950 pour répondre à la menace soviétique. Après la chute du Mur, elle bénéficia de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie pour retrouver une raison d’être. La France, membre fondateur malgré son retrait en 1966, a maintenu des liens importants tout en soulignant son indépendance.
Histoire militaire - L’Otan : de la chute du mur de Berlin à la guerre en Ukraine (I)
Military History—NATO—from the Fall of the Berlin Wall to the War in Ukraine (I)
NATO was established at the beginning of the 1950s in response to the Soviet threat. Following the fall of the Wall the break-up of the former Yugoslavia allowed it to recover its raison d’être. As a founding member despite its withdrawal in 1966, France has maintained strong links whilst underlining its independence.
Organe de sécurité et de défense collectives des nations atlantiques (Amérique du Nord et Europe occidentale) face à la menace soviétique, l’Otan, mise sur pied en 1950, constitue le volet militaire de l’Alliance atlantique, née du Traité de Washington de 1949. Organisation de nature exclusivement défensive, son fonctionnement répond à deux principes : d’une part, l’automaticité d’une réponse militaire de l’ensemble de ses membres, au cas où même un seul d’entre eux se trouverait agressé par une nation tierce ; d’autre part, son espace d’intervention ne recouvre que celui de ses États-membres, par l’organisation de deux commandements de théâtres, Atlantique (SACLANT à Norfolk) et Europe (SHAPE à Rocquencourt, puis Mons), ce dernier subdivisé en trois sous-théâtres, Nord Europe (Oslo), Centre Europe (Fontainebleau, puis Brunssum) et Sud Europe (Naples). Dans le contexte de la guerre froide, l’Otan a permis de maintenir la paix en Europe par l’équilibre de la terreur (la dissuasion nucléaire) qu’il faisait régner face aux forces du pacte de Varsovie.
La « léthargie » de l’Otan à l’issue de la chute du mur de Berlin
En novembre 1989, lors de la chute du mur de Berlin, tout le monde avait assimilé celle-ci à la fin de la guerre froide, gagnée par les Occidentaux (et donc, perdue par l’URSS). En dépit de réticences exprimées notamment par la France, la réunification allemande apparaissait également comme devant aller de soi, ce qui serait effectivement chose faite en juillet 1990. Mais, auparavant, l’Otan avait commis un faux pas. Tous les deux ans, au printemps des années paires, le commandement de Centre Europe jouait un exercice qui mettait en jeu tous les états-majors subordonnés, l’exercice Crested Eagle. Ces exercices répétitifs visaient à chaque fois, à tester tel ou tel plan d’engagement (Comfort Customer, Charming Gorilla, etc.). En 1990, il devait avoir lieu à la mi-avril ; c’est-à-dire cinq mois après la chute du Mur et trois avant la réunification allemande. Ce bouleversement stratégique et géopolitique n’avait pas eu l’air d’émouvoir les planificateurs de l’Otan, puisque le thème retenu de cet exercice en était la validation de la défense du saillant de Thuringe face à une attaque en force du territoire de l’Allemagne fédérale par l’armée allemande de l’Est et l’armée populaire tchèque, soutenues par le Groupement de forces soviétiques en Allemagne. C’était totalement aberrant, compte tenu de ce qui venait de se passer et de ce qui se tramait dans les chancelleries.
La nature de ce thème d’exercice est remontée à la connaissance du chancelier allemand, Helmut Kohl, qui a « passé un savon » mémorable au général allemand commandant Centre Europe, en lui notifiant qu’il interdisait formellement à tout officier allemand, lui, le premier, de participer à un tel exercice. Le commandant suprême allié en Europe, un général américain, annula l’exercice séance tenante et pria le secrétaire général de l’Otan d’en donner la primeur de l’information au chancelier allemand. Mais le mal était fait, l’Otan s’était déconsidérée et apparaissait comme une énorme bureaucratie politico-militaire, décorrélée de la situation. Aussi, lors des négociations des Quatre pour la réunification allemande, le sujet de l’Otan ne fut pas abordé. La question majeure voulue par Moscou, et acceptée par ses nouveaux partenaires occidentaux, était la reconnaissance définitive de la ligne Oder-Neisse comme frontière orientale de la future Allemagne avec la Pologne.
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