Dans un ordre mondial fragilisé par la compétition entre puissances, l’exacerbation des complexes de sécurité et le développement de nouveaux programmes d’armement jouent un rôle crucial pour la course à la suprématie. Dans une optique de s’assurer la supériorité sur le champ de bataille, les États se sont lancés dans une course au développement de technologies de niche, toujours plus performantes, autonomes, perfectionnées et à la conquête de nouveaux domaines. Ils tendent ainsi à contourner les limites qui constituent les fondements de l’équilibre stratégique mondial, à savoir la dissuasion nucléaire, les systèmes de défense existants et les normes instaurées dans le cadre de la maîtrise des armements, de la non-prolifération et du désarmement.

Les armes hypersoniques font partie de ces technologies d’un genre nouveau, parfois qualifiées de rupture, capables de mettre à mal cet équilibre et développées dans cet objectif. Si les aéronefs pouvant atteindre un régime de vitesse hypersonique ne sont pas nouveaux, les technologies embarquées capables de résister aux contraintes techniques d’une telle vitesse constituent, elles, une réelle avancée technologique.

On distingue deux types de systèmes. Les missiles de croisière hypersoniques (Hypersonic Cruise Missile ou HCM) sont propulsés de manière autonome par un superstatoréacteur ou un moteur-fusée. Les planeurs hypersoniques (Hypersonic Glide Vehicles ou HGV) ne fonctionnent ni sur le même principe ni dans le même domaine de vol : ils sont propulsés par un missile balistique (pouvant lui-même être hypersonique) ou un lanceur spatial en haute atmosphère, avant de redescendre et de se déplacer sans propulsion propre, tout en étant capables de manœuvrer.