Il est encore trop tôt, malgré une guerre de haute intensité, d’entrevoir une sortie de crise. Trop d’inconnues à ce stade du conflit mais une certitude, la Russie s’enfonce dans un chaos dramatique tandis que l’Ukraine malgré les souffrances endurées, incarne la ténacité et l’espoir de la liberté.
Ukraine : quelles sorties de guerre ?
Ukraine: Ways to End the War?
Despite the high-intensity warfare, it is still too soon to see a way out of the crisis. There are too many unknowns at this stage, yet one certainty is that Russia is sinking into chaos whilst despite the suffering endured there Ukraine is a model of tenacity and hope for freedom.
La guerre en Ukraine en est venue à représenter tant pour le monde occidental que pour la Russie un défi militaire et civilisationnel, analogue à bien des grands combats du passé : Thermopyles, Trafalgar, Dunkerque, Pearl Harbour, Stalingrad, Midway, le 11 Septembre… À la fin de la guerre de Crimée, en 1856, le tsar de fer, Nicolas Ier, était vaincu, ses sujets relevaient la tête. Un pamphlet appela les Russes désabusés à la révolte. « Réveille-toi ô Russie ! Dévorée par les ennemis du dehors, ruinée par l’esclavage, honteusement opprimée par la stupidité des tchninovnikis et des espions… Lève-toi, dresse-toi, calme, devant le trône du despote, demande-lui compte du désastre national (1). »
Son issue dépendra de la solidité de l’armée ukrainienne, de l’arrière du front, de la poursuite de l’aide militaire occidentale – au premier chef, américaine – et, en dernier ressort, de Vladimir Poutine, dont l’obstination à sauver coûte que coûte sa mise est restée inébranlable, comme l’a montré l’acharnement à reprendre Bakhmout et sa voisine, Soledar, au prix de pertes gigantesques. Le cap suivi par le Président russe est « complètement flou » (2). Il godille, comme le montrent les changements opérés dans la direction des opérations militaires, mais ne veut à aucun prix lâcher prise, quitte à sacrifier encore des milliers de combattants. Il y a du Netchaïev (1847-1882) en lui, ce provocateur qui tourna le dos à la prédication terroriste inorganisée et généreuse de Bakounine (1814-1876). Dans le Catéchisme du révolutionnaire, il affirme la nécessité de tuer « quiconque se dresse sur le chemin des organisations révolutionnaires et dont la mort subite et violente effraiera les gouvernants qui, privés de leurs représentants les plus brillants et énergiques, en seront affaiblis (3). »
Le drame est que ces anciens frères ou cousins siamois collés par le dos, Russie et Ukraine, sont tout aussi convaincus l’un comme l’autre d’être du bon côté de la légende – une égalité peu comparable. C’est ce que méditent Poutine et Zelensky. Consentiront-ils à s’asseoir un jour à la même table pour signer un pacte, une trêve, un armistice ? Cela supposerait réunies un certain nombre de conditions : qu’au moins un des belligérants change d’objectif ; que leur politique interne soit favorable à la fin de la guerre ; et qu’il existe un « degré minimum de confiance » mutuelle sur le respect d’un accord de paix.
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