La Russie a l’ambition de développer une stratégie navale plus ambitieuse, malgré les sanctions et les pressions occidentales. La mer Noire est déjà quasiment sous un double contrôle entre Moscou et Ankara, traduisant cette poussée russe. La compétition navale est une réalité qui va perdurer.
Stratégie navale russe et conséquences maritimes de la guerre en Ukraine
Russian Naval Strategy and the Maritime Consequences of the War in Ukraine
Russia is aiming to develop a more far-reaching naval strategy despite Western sanctions and pressure. The Black Sea is already under virtually two-party control by Moscow and Ankara—clear evidence of this Russian thrust. Naval competition is clearly with us and is set to last.
Après l’échec fin 2021 du dialogue diplomatique avec les États-Unis, la Russie s’est lancée dans une offensive planifiée en deux temps. Au-delà des opérations terrestres très médiatisées, elle crée une onde de choc maritime. De nombreux spectateurs sont réduits à l’observer de la caverne de Platon en ne voyant que les ombres d’une seule source de lumière.
Le 24 février 2022, la Russie déclenche l’opération militaire spéciale en Ukraine, quatrième événement majeur du siècle après les attentats du 11 septembre 2001, la crise financière de 2008 et celle sanitaire de 2020 (Covid-19). Le bloc occidental dirigé par les États-Unis réagit à cette offensive par des sanctions politiques, diplomatiques, financières et économiques à l’encontre de la Russie, mal acceptées par le reste du monde. En réaction, un bloc eurasien se constitue autour de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), avec des pays rivaux – Inde, Chine, Russie, Iran – et d’autres qui fondent leur partenariat sur le rejet de l’hégémonie américaine, mais aussi en majorité de la guerre. L’Inde, pour défendre sa souveraineté, s’affiche comme la Chine, malgré leur conflit frontalier, contre les sanctions, alors qu’elle est aux côtés des États-Unis contre l’hégémonie chinoise dans l’Indo-Pacifique. Un troisième groupe se forme, celui de ceux dont les sages ne veulent pas que leur herbe soit piétinée par les éléphants, ceux qui refusent l’alignement en Afrique, dans le Pacifique ou ailleurs. Enfin, certains pays louvoient entre deux camps, comme la Turquie qui poursuit son rêve ottoman en naviguant entre l’OCS et l’Otan. Les peuples sont les victimes de ces rivalités, écrasés sous les bombes lancées et les missiles des belligérants !
Les deux premiers blocs s’affrontent durablement car le différend de la guerre en Ukraine masque de profondes divergences sur le protectionnisme économique, l’incompréhension sur les valeurs et principes prônés par l’Occident tels que droits de l’homme et changements environnementaux comme l’a montré la COP27, enfin sur le refus de la culture des minorités qui veulent imposer leur loi à la majorité démocratique, ou au reste du monde comme ce fut le cas au Qatar.
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