Si le concept de guerre de haute intensité refait aujourd’hui son apparition dans le paysage stratégique français, notamment à la lumière de la guerre en Ukraine, il est bien sûr évident qu’il ne s’agit aucunement de revenir trente années en arrière et de repenser un modèle d’organisation sur une logique stratégique, complètement dépassée de nos jours et ne correspondant absolument plus à la situation actuelle. De plus, à la lumière de la menace, plus ou moins voilée mais récurrente, de mise en œuvre en Ukraine, de frappes nucléaires dites tactiques, par la Russie, la question se pose également d’une réflexion sur une réévaluation des moyens nucléaires nationaux, passant, le cas échéant par une adaptation du concept.

Néanmoins, dans toute démarche prospective, il est bon de partir du connu, pour envisager l’inconnu. C’est à ce titre qu’il peut ne pas être tout à fait incongru, de se remémorer ce qu’était l’engagement de la 1^re Armée en réserve de l’Alliance sur le théâtre Centre-Europe, il y a trente ans, d’autant plus que l’image qui en a survécu a été largement déformée par le temps, et qu’elle s’est trouvée en partie dénaturée, quand elle n’a pas été caricaturée.

Il s’agit donc de présenter brièvement la place et le rôle du corps de bataille français à cette époque, et d’estimer les enseignements à en tirer pour demain. Cette chronique s’attachera donc à exposer rapidement ce qu’était la 1^re Armée, quelles étaient ses missions, car il sera expliqué pourquoi sa mission était duale, conventionnelle et dissuasive, et quelle était la nature de son engagement.