Au combat, l’absence de supériorité aérienne rend les évacuations médicales aériennes extrêmement difficiles : l’« heure d’or » devient le « soin prolongé aux blessés ». Les drones vont révolutionner cette approche grâce à des innovations technologiques et doctrinales. Couplé à la télémédecine et à l’intelligence artificielle, on peut imaginer des drones-cargos, des drones-ambulances voire des drones-robots médicaux.
La dronisation du soutien médical au combat
The Dronisation of Combat Medical Support
Lack of air superiority in combat makes airborne medical evacuation extremely difficult: the golden hour for treatment can turn into prolonged casualty care. Drones are set to revolutionise the approach through technological and doctrinal innovations. When these are linked with telemedicine and artificial intelligence, one can envisage cargo drones, ambulance drones and even medical robot drones.
Note préliminaire : Ce texte a été publié en anglais sur le site du Military Medicine Journal, le 26 octobre 2023 (https://military-medicine.com/article/4254-the-dronization-of-combat-medical-support.html).
Les drones, également appelés Véhicules aériens sans pilote (Unmanned Aerial Vehicle, UAV) ou Systèmes aériens sans pilote (Unmanned Aerial System, UAS), ont déjà révolutionné les opérations militaires (1). La guerre du Haut-Karabagh entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie en 2020, et plus encore les combats actuels en Ukraine ont démontré que l’utilisation des drones est devenue fondamentale dans les combats terrestres et maritimes. Cette révolution s’étendra prochainement au soutien sanitaire. D’autant que l’absence de supériorité aérienne rend les évacuations sanitaires aériennes extrêmement difficiles, voire impossibles. Les guerres expéditionnaires menées depuis 2001 en Afghanistan, au Levant et en Afrique ont permis des progrès médicaux majeurs dans la survie des blessés au combat grâce à la mise en œuvre de l’« heure d’or » qui a sauvé la vie de nombreux soldats blessés (2). Il s’agit de confier un blessé au combat à une équipe chirurgicale en moins d’une heure, après lui avoir administré immédiatement les premiers soins (par exemple, en contrôlant une hémorragie à l’aide d’un garrot). Cela a été rendu possible grâce à la formation du personnel militaire au sauvetage au combat (connu sous le nom de TCCC : Tactical Combat Casualty Care) et à l’évacuation médicale par hélicoptère.
Dans les guerres de haute intensité, l’absence de supériorité aérienne empêche ces évacuations par hélicoptère. Un nouveau mode de prise en charge des blessés au combat a donc été développé. D’abord appelée Delayed Casualty Care (soins retardés au blessé), puis Prolonged Casualty Care (soins prolongés au blessé), l’objectif est désormais de maintenir les blessés en vie suffisamment longtemps (c’est-à-dire plusieurs heures) pour qu’ils puissent rejoindre une équipe chirurgicale par tous les moyens d’évacuation médicale disponibles. Il est évident que, dans ces conditions, les taux de survie des blessés ne peuvent rester aussi gratifiants pour les équipes médicales.
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