La Russie, dans le prolongement de l’URSS, mène une offensive permanente de désinformation et de manipulation des opinions publiques. S’appuyant sur Internet et les réseaux sociaux, Moscou s’efforce de déstabiliser l’« Occident collectif ». La France constitue une cible majeure et en a subi les conséquences en Afrique.
Portal Kombat : la nouvelle offensive de désinformation menée par la Russie
Portal Kombat: the New Russian Disinformation Offensive
Russia, like the USSR before it, is conducting a permanent offensive of disinformation and manipulation of public opinion. Moscow is trying hard to destabilise the collective west through the pressure it is putting on the internet and social media. France is a major target and has already suffered the consequences in Africa.
L ’affaire Portal Kombat, nom de code donné au dernier réseau de grande envergure composé de sites de désinformation pro-russes, a mis sur le devant de la scène l’intensification des opérations de propagande depuis le début de la guerre en Ukraine. Cette activité orchestrée par le Kremlin a été révélée par Viginum, le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères dirigé par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), organisme dépendant du Premier ministre.
Les métastases de Portal Kombat
Les manœuvres de tromperie et de manipulation existent depuis des lustres. Les règles d’or de la supercherie ont été établies dès le IVe siècle avant J.-C. par Sun Tzu dans L’art de la guerre. Quelques siècles plus tard, les Soviétiques, sous l’impulsion de Lénine, ont érigé en dogme les principes de la désinformation énoncés par le stratège chinois. Cette philosophie de la duperie a constitué le fil conducteur de la politique de Moscou pendant la guerre froide. Pour la mettre en œuvre, le Kremlin a créé un département D (comme Desinformatsiya) puis un service A destiné à la mise en place de mesures actives, en le dotant d’effectifs et de moyens accrus. Après le démantèlement de l’URSS, la Russie a poursuivi la mise en application de mesures actives de désinformation à grande échelle. Elles se traduisent par des menées subtiles de diffusion de contrevérités (fake news), d’intoxication et de propagande, ainsi que l’utilisation ingénieuse (à leur insu) « d’idiots utiles », indispensables « compagnons de route » du prince pour manipuler l’opinion. Qui plus est, le développement extraordinaire des techniques de communication (Internet, réseaux sociaux) a procuré un vecteur conséquent pour la propagation de faits mensongers et le bourrage de crâne. Ce phénomène de société a pris une dimension nouvelle avec le conflit en Ukraine où la désinformation s’est imposée comme une guerre hybride à bas bruit dans laquelle Moscou a porté un effort considérable. L’objectif du Kremlin est de déstabiliser les alliés qui soutiennent l’Ukraine et convaincre le maximum de pays (rassemblés sous le vocable de « Sud global ») de la « légitimité » de son engagement armé en Ukraine.
L’opération Dopplegänger a été la première mesure d’ampleur d’ingérence numérique montée par la Russie. La machination a consisté à activer des sites miroirs de grands médias français (Le Parisien, Le Figaro, Le Monde, 20 minutes) afin de publier des informations mensongères visant à discréditer l’Ukraine et ses alliés, et diffuser une propagande à la gloire de Moscou (1).
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