Haïti est de nouveau déstabilisé intérieurement par la violence des gangs et l’incapacité à construire un processus politique de sortie de crise. La communauté internationale s’interroge sur la suite à donner avec la nécessité, dans un premier temps, de rétablir un minimum de sécurité pour la population.
Amérique latine - Haïti : les dangers d’un foyer de violences dans les Caraïbes
Latin America—Haiti: the Dangers Posed by a Seat of Violence in the Caribbean
Haiti is once again being destabilised by internal gang violence and the inability to build a political process to extract the country from crisis. The international community is unsure what to do, though the necessary first step is to re-establish a minimum of safety and security for the population.
Comment Haïti (1) a-t-il pu se transformer au fil des années, en un foyer permanent de violence faisant courir le risque d’une déstabilisation de la région des Caraïbes ? Prospérant sur les lambeaux d’un État failli, les gangs ont pris le contrôle de pans entiers de villes, à l’instar de la capitale Port-au-Prince ou de régions comme Artibonite. Ils affrontent directement les derniers piliers d’un État moribond : commissariats, prisons, sites administratifs, leur objectif vise à asseoir une emprise qui est illégale, mais habillée d’un discours associé à la violence à une « libération sociale », dite « révolutionnaire ».
La crise économique structurelle, aggravée par les catastrophes naturelles (2), accompagne une crise sociale. Son ampleur est révélée par les vagues de migrants et de déplacés, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur (3). Les relations avec la République dominicaine sont tendues, Saint-Domingue étant conduit désormais à fermer sa frontière avec Haïti. En Amérique latine, le Brésil, le Pérou, l’Équateur, tout comme le Chili ou l’Argentine sont devenus des destinations migratoires quand il ne s’agit pas de traverser l’Amérique centrale pour rejoindre, via le Mexique, les États-Unis où vivent déjà plus d’un million d’Haïtiens. Foyer de violence, le risque est désormais immédiat.
Cette crise majeure marque un tournant historique. La course contre la montre est engagée : après la démission du Premier ministre, Ariel Henry, le 11 mars 2024 (4), la CARICOM (5) a présidé la « conférence d’urgence sur la transition en Haïti » qui s’est tenue à Kingston (6) le même jour. Elle visait à fixer le cadre d’une sortie de crise à la fois institutionnelle et sécuritaire. L’engagement des États-Unis, dont le rôle est essentiel, par un soutien financier à la mise en place d’une mission internationale de soutien à la police et d’aide humanitaire, a été porté à 133 millions de dollars. Ces crédits complètent un dispositif plus large portant le montant total des promesses de dons à 300 M.
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