La question du maintien de la dissuasion nucléaire américaine pourrait se poser à l’issue des élections de novembre aux États-Unis. Plusieurs scénarios pourraient alors se produire. Se pose également la question de la prise en compte de la dissuasion française, Paris réaffirmant à la fois sa souveraineté totale et des intérêts vitaux étendus à l’Europe.
La bombe nucléaire américaine B61 en Europe (2/2) Quels scénarios ?
The US B61 Nuclear Bomb in Europe (2/2): Scenarios?
Questions on the future of the US nuclear deterrent could well arise after next November’s elections in the United States. Several scenarios seem possible. There is also the matter of taking the French deterrent into account: Paris is reaffirming both its total independence and its vital interests, which extend to the whole of Europe.
Chacun est bien conscient que la question du nucléaire en Europe est en fait une thématique la plus incertaine et la plus complexe qui soit et que l’environnement international est particulièrement mouvant en ce moment. De la même manière, fixer des scénarios et jouer dans la prospective reste un exercice périlleux, d’autant que malgré une hiérarchisation des hypothèses, cela reste aléatoire car elle ne prend pas en compte les scénarios intermédiaires et les influences des postures sur d’autres. Et si un seul scénario devait se détacher, il le serait en prenant divers éléments chez les autres, tant sont grandes les interactions et les postures transversales.
En outre, plusieurs variables viennent s’ajouter, complexifiant les lectures. Les défis à venir donneront en grande partie le tempo ; tout comme le degré de volontarisme politique des États à travailler de concert avec le positionnement perçu comme mouvant du curseur transatlantique.
Maintien en l’état des dépôts nucléaires et poursuite de la modernisation des B61
Dans ce cas de figure, les contraintes juridiques et politiques au retrait américain de l’Otan – y compris le départ des B61 – empêche le nouveau Président américain d’organiser cette rupture « révolutionnaire ». En outre, la menace russe et la déstabilisation du Vieux Continent, où existent bien des intérêts économiques et géopolitiques américains, sont autant de freins à cette politique isolationniste majeure. Dans ce paysage, il est question de posture d’attente stratégique et de réassurance opérationnelle avec la poursuite de l’intégration du modèle 12 de la bombe B61 dans les WS3. Les arsenaux nucléaires français et britanniques poursuivent leur modernisation mais la visibilité dissuasive otanienne est prégnante. Nous pouvons également imaginer le retour de Forces nucléaires à portée intermédiaire ou INF (traité dénoncé) en Europe.
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