L’élection de Donald Trump pour un nouveau mandat certainement disruptif aura des conséquences directes pour le continent latino-américain. Certains États comme l’Argentine de Javier Milei s’en félicitent. D’autres, comme le Brésil de Lula, y voient déjà un risque de confrontation économique et politique, sans oublier la question complexe de l’immigration vers les États-Unis, qui voudront conserver leur influence.
Amérique latine - Donald Trump et le continent latino-américain
Latin America - Donald Trump and the Latin American Continent
The election of Donald Trump for a new term, which is certain to be disruptive, will have direct consequences for the Latin-American continent. Some countries, Javier Milei’s Argentina, for example, are delighted. Others, like Lula’s Brazil, already see the risk of economic and political confrontation, not to mention the complex matter of migration into a United States which would wish to preserve its influence.
L’élection confortable de Donald J. Trump (1) le 5 novembre 2024 comme 47e Président des États-Unis annonce une nouvelle phase dans les relations diplomatiques américaines (2). Les axes de sa campagne visaient à rendre l’Amérique « plus forte, plus sûre et prospère ». Préservation et protection du marché intérieur, régulation, notamment par une hausse des tarifs douaniers, des produits importés, renforcement des mesures de réciprocité, resserrement des mesures sociales couplés à un contrôle migratoire accru, autant d’orientations qui visent à renforcer le « Made in USA », réduire l’inflation et reprendre l’initiative face à la concurrence chinoise.
Le concept du « Sud global », s’appuyant notamment sur le renforcement des BRICS+, en opposition à un « Occident global » perçu au mieux comme conservateur, au pire comme réactionnaire, se développe. Ce contexte nourrit une nouvelle guerre idéologique dans laquelle est plongé le monde depuis plusieurs années. Elle est renforcée par la guerre de la Russie contre l’Ukraine, plus fortement encore par le conflit entre Israël et le Hamas à Gaza ou le Hezbollah au Liban. Des répercussions importantes en Amérique latine se font déjà sentir. Ce continent a tenté, pendant l’Administration Biden (2020-2024), d’apparaître comme un nouvel espace d’opportunités et d’influence sur la scène internationale. Cependant, la taille des défis à relever ne lui a pas permis de se détacher d’une image de « déversoir migratoire », en particulier en raison de l’enlisement de tout projet d’intégration régionale tant en Amérique centrale qu’en Amérique du Sud. Las !
« La tentation du “Sud global” » (3), l’obligation de se relever de la crise économique et sociale accentuée par la pandémie de Covid-19, l’insécurité née du renforcement du trafic de drogue en partie dans une dimension régionale (4) et enfin la confrontation politique entre figures incarnant des positions politiques totalement opposées, accompagnent une force de dispersion d’un continent qui est directement concerné par les priorités annoncées par le nouveau Président américain. Il est difficile d’avancer sur la voie d’une coopération régionale quand s’affrontent des dirigeants aussi différents que Javier Milei en Argentine et Nayib Bukele au Salvador, ou Gustavo Petro en Colombie et Inacio Lula da Silva au Brésil, ou encore Nicolas Maduro au Venezuela et Daniel Ortega au Nicaragua (5). Autrement dit, « la polarisation politico-idéologique opposant ces deux camps limite la capacité des États du continent à faire converger leurs intérêts, à trouver des effets de levier à travers la coopération régionale et faire porter leur voix sur la scène internationale » (6). Sur le plan de la politique étrangère, les « grands gagnants » du retour de Donald Trump sont Javier Milei, qui n’a jamais caché sa proximité politique avec lui et Nayib Bukele, qui est parvenu à rétablir la sécurité dans son pays gangrené pendant des années par les fameuses « maras » (7). À l’inverse, le Venezuela et sa proximité avec l’Iran, Cuba plus que jamais plongé dans une profonde crise économique, la catastrophe sécuritaire haïtienne, la présence chinoise que ce soit au Mexique, en Amérique centrale, au Brésil ou dans l’arc andin, autant de réalités qui seront amenées à évoluer pendant la prochaine Administration Trump.
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