Décembre 2024 - n° 875

2040, c’est déjà maintenant : les défis de l’innovation

« L’innovation n’est pas un flash de génie. C’est un travail dur. Et ce travail devrait être organisé comme une partie régulière de chaque unité de l’entreprise et à chaque niveau de gestion. »

Peter Drucker
168 pages

Haut-Karabagh, Ukraine, Gaza, mer Rouge… Autant de guerres qui, en quelques années, bousculent notre approche de la conflictualité et nous obligent à revoir nos modes d’actions pour faire face aux défis de demain. Robotisation, drones, Intelligence artificielle (IA), quantique, Espace… Autant de domaines où la guerre accélère et où l’innovation modifie profondément l’emploi de la force. Avec le paradoxe que, comme en Ukraine, nous pouvons être confrontés à un adversaire aux ambitions impériales du XIXe siècle voulant changer les frontières, avec des soldats combattant comme en 1914-1918 mais utilisant les technologies du XXIe siècle. Il en est de même sur les mers où une frégate de dernier cri peut combattre un boutre télécommandé bourré d’explosifs et dont la valeur n’excède pas quelques milliers de dollars ou d’euros. Lire la suite

  p. 1-1

2040, c’est déjà maintenant : les défis de l’innovation

En 2018, avec le rédacteur en chef, nous avions travaillé sur une édition consacrée à l’innovation (n° 809, avril). Il me tenait à cœur de pouvoir assurer la continuité de ce numéro et de regarder quelles sont les évolutions au regard des grandes tendances que nous avions dégagées. Nos observations se sont-elles révélées pertinentes ? En avions-nous bien identifié leurs conséquences ? Lire la suite

  p. 7-11

L’accélération géopolitique actuelle est survenue par la transformation du fonctionnement de nos sociétés. L’innovation est désormais permanente, touchant tous les domaines, dont celui de la « Tech ». L’Otan doit, dès lors, retrouver une capacité et une agilité disruptives, rompant avec la conduite de programmes inscrits dans la durée : se réinventer pour ne pas subir. Lire les premières lignes

  p. 12-17

L’EMA s’est engagé dans la valorisation de l’innovation comme un des vecteurs de la supériorité opérationnelle. Cela signifie des processus rapides et efficaces pour éviter des obsolescences. La donnée est ainsi au cœur des enjeux pour qu’elle soit disponible et protégée au service des armées. Déjà des projets innovants sont devenus des réalités concrètes, notamment à l’occasion des JOP de Paris 2024. Lire les premières lignes

  p. 18-23

Pour faire face aux défis du futur, la DGA est en pleine mutation avec une accélération vers l’anticipation stratégique, pour sortir de la logique classique des grands programmes d’armement qui restent indispensables. La DGA NG valorise son ADN d’expertise et d’excellence en s’ouvrant davantage, en réformant ses modes d’action et en réaffirmant sa militarité pour affronter les conflits de demain. Lire les premières lignes

  p. 24-30

L’Agence de l’innovation de Défense (AID) est un catalyseur essentiel de l’innovation au profit du ministère des Armées et des forces. Dans des champs en évolution permanente, l’AID valorise l’écosystème de défense et permet d’adapter l’outil de défense aux défis de demain. Cela exige agilité, flexibilité et audace, tout en s’inscrivant dans des processus pérennes. Lire les premières lignes

  p. 31-40

L’innovation dans le domaine de la défense ne se limite pas à l’Intelligence artificielle (IA) ou au GPS. Certes, les approches sont très différentes entre les écosystèmes comme aux États-Unis ou en Israël. Le modèle français est aussi en pleine mutation pour gagner en efficacité, rapidité et agilité. Cela signifie également retrouver un rôle moteur dans la démarche d’innovation. Lire les premières lignes

  p. 41-45

Le ministère des Armées s'est doté de l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de Défense (Amiad). Il s’agissait d’une nécessité opérationnelle pour répondre aux besoins exponentiels en matière d’IA, celle-ci étant déjà une réalité pour nos armées. L’Amiad se veut fédératrice et innovante en termes d’IA. Lire les premières lignes

  p. 46-51

L’innovation est une réalité quotidienne au sein de la Gendarmerie nationale, avec l’engagement de l’ensemble des personnels de terrain. Confrontés à des situations en mutation permanente, ils doivent trouver des solutions innovantes ; à charge pour la hiérarchie de valoriser ces démarches et de les rendre opérationnelles, en appui avec les unités spécialisées. Lire les premières lignes

  p. 52-61

Dans un monde chaotique, où la course à la technologie est une réalité avec une Chine très ambitieuse, l’Otan a un rôle à jouer en s’appuyant sur ses États-membres. Avec ses capacités de fédération des efforts, l’Alliance doit poursuivre son travail afin de garantir une supériorité technologique indispensable pour faire face à nos compétiteurs stratégiques. Lire les premières lignes

  p. 62-67

L’accélération des technologies autour du numérique entraîne une mutation profonde de notre environnement de défense. Les approches et les architectures traditionnelles volent en éclat, alors que de nouveaux horizons mêlant le quantique, l’IA, les biotechnologies, la cryptographie, etc., bouleversent notre conception des systèmes. Cela exige aussi une solide réflexion éthique pour accompagner cette transformation. Lire les premières lignes

  p. 68-83

Le secteur de l’aérospatial est en pleine mutation avec l’émergence des start-up dont l’emblématique SpaceX. Los Angeles est l’exemple de l’accélération de l’innovation, poussée par des entrepreneurs et des investisseurs ambitieux. La France devrait accroître ses efforts pour rester dans la course en trouvant de nouveaux outils de financement. Lire les premières lignes

  p. 84-88

Parmi les leçons des guerres actuelles, il y a la pleine participation des peuples, comme en Ukraine. Les opérations ne concernent pas que le soldat de métier, mais impliquent de nouveaux acteurs s’appuyant sur la technologie, le low-tech ou l’Intelligencee artificielle (IA). Cette nouvelle dynamique doit également aboutir à de profondes mutations auxquelles il convient de se préparer. Lire les premières lignes

  p. 89-92

Le salon Euronaval 2024 a démontré l’importance majeure des mers et des océans dans la compétition stratégique mondiale. Le secteur naval est en pleine expansion et en mutation profonde. De nouvelles technologies, comme les drones ou l’intelligence artificielle, viennent rebattre les cartes, tandis que l’Indo-Pacifique devient l’épicentre des rivalités. Plus qu’un salon, Euronaval reflète le carrefour des ambitions. Lire les premières lignes

  p. 93-99

Les biotechnologies (BT) sont en évolution permanente, notamment dans les domaines de la santé et des matériaux. Les BT ont une place à prendre dans la défense et plusieurs approches comme l’optimisation des performances du combattant ou les systèmes d’arme peuvent bénéficier de la révolution des BT. Il y a nécessité d’accompagner ces transformations qui valorisent l’innovation. Lire les premières lignes

  p. 100-105

Le combat naval à l’horizon 2040 s’appuiera sur des technologies en pleine évolution comme l’IA ou le quantique, mais également avec de nouveaux modes opératoires tels que l’usage massif de drones couvrant un spectre de plus en plus large de missions. La France et ses partenaires européens doivent prendre en compte l’ampleur de ces transformations du combat naval. Lire les premières lignes

  p. 106-111

Il y a 50 ans

Opinions

Le Système de combat aérien du futur est un enjeu majeur pour la défense et l’industrie européenne. Alors que le Rafale dispose d’un potentiel de modernisation très conséquent, le projet actuel du Scaf devrait être revu avec de nouvelles spécifications pour un avion plus ambitieux et marquant une véritable rupture en allant vers une formule davantage semblable au B-21 américain : une aile volante furtive. Lire les premières lignes

  p. 115-125

Alors que le rapport de force et la guerre sont redevenus d’actualité, il est indispensable d’en comprendre les ressorts, d’autant plus que l’histoire fournit de trop nombreux exemples de conflits où les cultures des protagonistes s’opposent. Plus que les thèses de Samuel Huntington, il convient de relire Hérodote et, surtout, Thucydide, dont la compréhension des mécanismes de la guerre reste pertinente. Lire les premières lignes

  p. 126-138

Repères

Le pire n’est pas forcément sûr. C’est le sentiment que développe Nicole Gnesotto dans son dernier ouvrage avec l’exigence que l’Occident change enfin son regard vers le reste du monde. Certes le « Sud global » n’est pas une réalité en soi, mais il y a de nouvelles exigences pour une gouvernance mondiale plus diversifiée. C’est l’intérêt de l’Occident d’aller dans ce sens plutôt que de rechercher la confrontation. Lire les premières lignes

  p. 139-143

La formation au commandement et au leadership est centrale dans les écoles des armées françaises, quelle que soit la spécificité de l’armée. S'appuyant sur une doctrine et une longue pratique, les domaines académique, militaire et humain sont au cœur des programmes, avec la prise en compte des spécificités propres à chaque armée, dont les traditions participent de l’identité militaire. Lire les premières lignes

  p. 144-149

Chroniques

Le Maréchal Foch a très vite compris comment travailler avec le général Pershing, chef des troupes américaines en 1918. Plutôt persuader et associer, qu’ordonner sèchement, permettant ainsi à l’officier américain de renforcer la cohésion de son armée. Foch sut maintenir cette ligne malgré l’échec en Argonne et les critiques de Clemenceau. Lire les premières lignes

  p. 150-154

L’élection de Donald Trump pour un nouveau mandat certainement disruptif aura des conséquences directes pour le continent latino-américain. Certains États comme l’Argentine de Javier Milei s’en félicitent. D’autres, comme le Brésil de Lula, y voient déjà un risque de confrontation économique et politique, sans oublier la question complexe de l’immigration vers les États-Unis, qui voudront conserver leur influence. Lire les premières lignes

  p. 155-160

Recensions

Gomart - Lacceleration de lhistoireLe dernier ouvrage de Thomas Gomart est né en mer de Chine, à bord de la frégate Lorraine où l’auteur était embarqué. Le directeur de l’Institut français des relations internationales (Ifri) y a alors vu, par la décision tactique du commandant de monter en allure (et donc d’accélérer) dans le triple but d’éviter un typhon, de distancer des navires chinois et de rallier des navires américains, le reflet des accélérations d’un monde dont le centre de gravité a basculé en Asie : accélération du changement environnemental, accélération de la marine chinoise omniprésente en mer de Chine, et accélération des États-Unis qui n’attendent plus vraiment les Européens en Indo-Pacifique. Lire la suite

  p. 161-162

Paquin Jonathan : Washington face aux conflits sécessionnistes  ; Presses de l’Université Laval, Québec, 2023, 244 pages - Renéo Lukic

Paquin, Washington face aux conflits secessioninnstesCet ouvrage est la traduction de A Stability-Seeking Power, U.S. Foreign Policy and Secessionist Conflicts, publié par McGill-Queen’s University Press en 2010, dont le contenu a été revu et augmenté. Son principal objectif est de comprendre et d’expliquer l’attitude et les réactions des États-Unis face aux conflits sécessionnistes durant la période de « l’après-guerre froide ». L’auteur analyse sept cas de crises sécessionnistes pour tester et valider la pertinence du choix de ce concept et expliquer la conduite de la diplomatie américaine face à différentes crises : la Catalogne, la Croatie, l’Érythrée, le Kosovo, la Macédoine, la Slovénie et le Somaliland. Lire la suite

  p. 163-164

Revue Défense Nationale - Décembre 2024 - n° 875

2040, c’est déjà maintenant : les défis de l’innovation

2040 is on Our Doorstep—The Challenges of Innovation

The increasing rate of geopolitical change that we are currently witnessing is a result of a transformation in the way our societies operate. We now live in a state of permanent innovation which impacts upon all fields, technology included. NATO now needs to develop disruptive capability and agility, different from the way in which long-term programmes are conducted: it needs to re-invent itself if it is to avoid being left behind.

The French Defence Staff (État-major des Armées—EMA) is committed to promoting innovation as one of the key elements of operational superiority. It requires speedy and effective processes in order to avoid obsolescence. Data is therefore central to the challenges involved—it must be available and protected to be of service to the forces. A number of innovative projects has already become reality, particularly during the 2024 Paris Olympic Games.

The Directorate General of Armament (Direction générale d’armement—DGA) is undergoing substantial change in order to be equipped to face future challenges, and is placing greater effort on strategic anticipation in order to move away from the conventional conduct of major weapons programmes, which nevertheless remain essential. In this new approach, DGA NG (Nouvelle Génération—new generation) is boosting its base of expertise and excellence through greater openness, reform of working practices and reaffirming its commitment to facing future conflicts.

The Defence Innovation Agency (Agence de l’innovation de Défense—AID) is an essential catalyst for innovation, serving the Ministry of the Armed Forces and the forces themselves. In those fields which are permanently evolving the AID enhances the defence ecosystem, enabling defence to adapt to future challenges. This requires agility and flexibility and a bold approach, whilst maintaining a commitment to sustainable processes.

Innovation in defence matters is not limited to artificial intelligence (AI) and GPS. Approaches are, of course, rather different depending on the environment—in the United States and Israel, for example. The French model is also undergoing change in order to improve effectiveness, speed and agility. That in turn requires a renewed driving role in the innovation process.

The Ministry of the Armed Forces has created the Ministerial agency for defence artificial intelligence (Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de Défense—AMIAD). It was an operational necessity to respond to rapidly-increasing needs in AI matters—already a major issue for our armed forces. The AMIAD aims to coordinate and innovate in AI matters.

For the Gendarmerie, innovation is a day-to-day matter to which all its personnel are committed. They are confronted by continually-changing situations to which they have to find innovative solutions: it is for the command structure to encourage the best results from each idea and to make it operational with the support of the specialised units.

In a chaotic world in which a highly ambitious China is a key competitor in the race for technology, NATO has a role to play in supporting its member countries. Using its capabilities for uniting effort, the alliance must continue its work to guarantee the technological superiority that is essential to remain strategically competitive.

The rapid developmental changes in digital technology are bringing with them a fundamental transformation of our defence environment. Traditional approaches and structures are being cast aside as new combinations of quantum computing, AI, biotechnology and cryptography, to name just some, are shaking up our concepts of systems. Sound ethical consideration is needed to accompany this transformation.

The aerospace sector is in a state of significant change, fuelled by the emergence of start-ups, which include the iconic SpaceX. Los Angeles is the example of an acceleration in innovation powered by ambitious entrepreneurs and investors. To stay in the race France needs to increase its effort through finding new sources of finance.

One of the lessons learned from contemporary wars is the widespread implication of the population, as we have seen in Ukraine. Operations are no longer a matter for the professional soldier alone, but involve new players which make use of technology, low-tech and artificial intelligence (AI). This new state of affairs will certainly lead to other profound changes, for which we should prepare ourselves.

The Euronaval 2024 exhibition was a major demonstration of the importance of the seas and oceans in worldwide strategic competition. The maritime sector is undergoing rapid expansion and fundamental change. New technologies such as drones and artificial intelligence are changing the game at the same time as the Indo-Pacific is becoming the centre of power rivalries. Euronaval is much more than an exhibition: it is a mirror of the crossroads of ambitions.

Biotechnologies (BT) are in continual development, in particular in the fields of health and materials. BT could also have a place in defence, in which several areas could benefit from the BT revolution such as optimisation of combatant performance and weapon systems. There is a need to support those developments which benefit innovation.

Looking ahead to 2040, naval warfare will rely on technologies that are currently under rapid development, such as AI and quantum computing, and also on new modes of operation such as the mass use of drones to cover an increasingly broad range of missions. France and its European partners must take full account of the scale of these changes in the naval battle.

Fifty years ago

The Future Combat Air System (Système de combat aérien du futur—Scaf) involves high stakes for European defence and industry. Since Rafale has considerable modernisation potential, the current Scaf project should be revised, a break made with the past and new specifications defined for a more ambitious aircraft somewhat closer to the American B-21: a stealth flying wing.

Opinions

At a time when balance of power and war are back with us, it is essential to understand what motivates them, given that history offers too many examples of conflicts which amount to clashes between cultures. So, in addition to Samuel Huntington’s theses we should be reading Herodotus and, in particular, Thucydides, whose understanding of the mechanisms of warfare remains as pertinent as ever.

Viewpoints

The worst will not necessarily happen: this is the idea developed by Nicole Gnesotto in her latest book [Deciding the Future—10 Answers on the World to Come—Ed.], in which she stresses that the West should change its view of the rest of the world. Whilst the Global South does not exist as an entity, there are nevertheless new needs for more diversified world governance. It is in the West’s interest to move in that direction rather than seek confrontation.

Command and leadership training is a central element in the training establishments of each of the French armed forces. Academic, military and human fields are central to syllabuses which draw upon doctrine and long practical experience. They also take into account the specifics of each service, whose traditions are part of their military identity.

Chronicles

Marshal Foch quickly learned how to work with General Pershing, commander of American troops in 1918: by persuasion and sharing, rather than giving direct orders, he allowed the American officer to strengthen the cohesion of his force. Foch was able to maintain this approach despite the setback in the Argonne campaign and Clemenceau’s criticism.

The election of Donald Trump for a new term, which is certain to be disruptive, will have direct consequences for the Latin-American continent. Some countries, Javier Milei’s Argentina, for example, are delighted. Others, like Lula’s Brazil, already see the risk of economic and political confrontation, not to mention the complex matter of migration into a United States which would wish to preserve its influence.

Book Reviews

Paquin Jonathan : Washington face aux conflits sécessionnistes [English original: US Foreign Policy and Secessionist Conflicts]  ; Presses de l’Université Laval, Québec, 2023, 244 pages - Renéo Lukic

Revue Défense Nationale - Décembre 2024 - n° 875

2040, c’est déjà maintenant : les défis de l’innovation

Haut-Karabagh, Ukraine, Gaza, mer Rouge… Autant de guerres qui, en quelques années, bousculent notre approche de la conflictualité et nous obligent à revoir nos modes d’actions pour faire face aux défis de demain. Robotisation, drones, Intelligence artificielle (IA), quantique, Espace… Autant de domaines où la guerre accélère et où l’innovation modifie profondément l’emploi de la force. Avec le paradoxe que, comme en Ukraine, nous pouvons être confrontés à un adversaire aux ambitions impériales du XIXe siècle voulant changer les frontières, avec des soldats combattant comme en 1914-1918 mais utilisant les technologies du XXIe siècle. Il en est de même sur les mers où une frégate de dernier cri peut combattre un boutre télécommandé bourré d’explosifs et dont la valeur n’excède pas quelques milliers de dollars ou d’euros.

Plus que jamais, notre défense doit s’adapter, voire muter pour être en mesure d’affronter ces nouveaux paradigmes. Avec l’exigence de devoir conduire des programmes sur le temps long comme le renouvellement de notre composante sous-marine de la dissuasion nucléaire avec les SNLE-3G nous emmenant dans la seconde moitié du siècle, mais aussi de pouvoir répondre dans la quasi-immédiateté à de nouveaux besoins comme les munitions téléopérées ou les drones tactiques dont l’obsolescence est désormais de quelques mois.

Cela signifie le besoin d’innover, d’accélérer notre capacité à prendre en compte à la fois de nouvelles menaces dans de nouveaux milieux et à développer des technologies disruptives souvent duales et au moindre coût. C’est le fil rouge de notre dossier croisant la nécessité de l’innovation avec la probable conflictualité de 2040. C’est un défi permanent pour nos états-majors et nos forces, pour la Direction générale de l’armement (DGA) et les différentes agences du ministère, pour nos industriels et pour nos chercheurs. Ne pas préparer la guerre d’hier. Sans pour autant faire fi du retour d’expérience des conflits en cours sous prétexte que la guerre de 2040 pourrait être différente. On le voit avec les plus de mille jours de guerre à l’est de l’Europe où le combattant ukrainien combat dans la boue et l’humidité des tranchées, sous le feu permanent de l’artillerie russe, tout en utilisant une « appli » sur un moyen numérique pour mettre en œuvre un microdrone fabriqué avec une imprimante 3D.

Innover est donc une obligation, dans un contexte d’accélération du tempo technologique. Avec une concurrence très forte y compris venant de nos Alliés, en particulier les États-Unis où l’argent coule à flots pour la Tech. À cet égard, la future Administration Trump ne nous fera aucun cadeau dans ce domaine, à l’image de SpaceX et de son propriétaire Elon Musk. D’où la mise en ordre de marche de notre écosystème de défense pour innover, développer mais aussi produire. Préparer 2040 est donc un défi majeur et indispensable avec bien sûr l’incertitude de l’environnement géopolitique mais avec la certitude que la compétition stratégique sera de plus en plus féroce face à des puissances hostiles. Innover est donc une évidence et un impératif pour notre défense. ♦

Jérôme Pellistrandi

Revue Défense Nationale - Décembre 2024 - n° 875

2040, c’est déjà maintenant : les défis de l’innovation

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