Début mai 2024, l’étoile montante du cinéma chinois, l’acteur de 24 ans Wu Lei, s’est rendue au Vanuatu pour une visite de quelques jours. Il s’est mis en scène dans plusieurs vidéos comme celle sur le volcan Yasur à Tanna, au Sud de l’archipel. Les réactions de certains locaux ne tarissent pas d’éloge à son sujet : sur Facebook, une fan affirme l’avoir adoré en rôle principal dans Battle Through The Heavens, une série de 2018 en 45 épisodes aux milliards de visionnages.

La culture chinoise contemporaine parvient donc à s’exporter de mieux en mieux dans le Pacifique insulaire, particulièrement parmi la jeunesse. L’influence chinoise n’est pas propre à ce petit archipel de 83 îles, situé au Sud de l’océan Pacifique, proche de la Nouvelle-Calédonie. Elle pourrait toutefois être un cas d’école de la stratégie déployée par la République populaire de Chine (RPC) à l’échelle planétaire. La pénétration progressive des secteurs économiques, politiques puis culturels, tel est concrètement le mécanisme de l’influence du Parti-État selon la définition du géostratège Gérard Chaliand ⁽¹⁾.

Après une enquête de terrain de plusieurs mois, nous avons donc choisi de faire parler les habitants des îles du Vanuatu pour mieux saisir leur perception de la présence chinoise. Parmi eux, des Mélanésiens de plusieurs îles, des Occidentaux des premières familles installées aux anciennes Nouvelles-Hébrides, des expatriés de différentes nationalités et des ressortissants chinois plus ou moins proches de Pékin. De ces nombreux témoignages ⁽²⁾, il ressort que la RPC est parvenue à capter en quelques décennies une partie de l’élite politique et de la jeunesse du Vanuatu, tandis que de nombreux habitants restent méfiants par rapport aux formes que prend la présence chinoise dans les îles.