La place et le rôle de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République française font l’objet de nombreux débats. Les indépendantistes souhaitent une remise en cause en affirmant une souveraineté spécifique. Les émeutes depuis la mi-mai illustrent cette difficulté à dialoguer pour construire un futur commun en Océanie.
La Nouvelle-Calédonie : « porte-avions » ou « porte d’entrée » pour la République française en Océanie ?
New Caledonia: a French ‘aircraft carrier’ or an Entry Port in Oceania?
There is much debate about the place and role of New Caledonia within the French Republic. The separatists are calling for re-examination of the status and claim some form of sovereignty. The riots since mid-May illustrate the difficulty of establishing dialogue aimed at building a common future in Oceania.
Si la Nouvelle-Calédonie relève de la souveraineté française depuis le 24 septembre 1853, alors ce territoire peut-il être considéré comme une extension de la France ? Telle est la question qui anime les débats sur la scène internationale en mai 2024 à l’heure où Nouméa et le Grand Nouméa vivent une nouvelle séquence du contentieux colonial qui anime cet archipel d’Océanie.
Pourtant, depuis la prise de possession du territoire, sa souveraineté demeure une source de contestations (1). Ces contestations conduisent à l’ouverture d’une série d’accords politiques entre l’État, les partisans indépendantistes et non-indépendantistes, aboutissant à la signature, en 1988, des Accords de Matignon-Oudinot (2), puis à celle de l’Accord de Nouméa en 1998 (3), prévoyant la possibilité pour l’archipel de s’autodéterminer par la voie des urnes.
Néanmoins, la République française, au titre de l’exercice de sa souveraineté, considère ses territoires ultramarins comme ses projections. De son point de vue et sur un plan militaire, la Nouvelle-Calédonie lui assure donc une position stratégique de premier choix en Océanie. Ce point de vue diverge pour les ressortissants de l’archipel et du mouvement indépendantiste créé à l’origine pour porter politiquement les aspirations d’émancipation du peuple kanak. Par inversement, ils considèrent que c’est l’archipel dont ils sont ressortissants et les liens millénaires tissés avec les voisins du bassin Pacifique qui permettent d’accueillir la présence française dans cette région du monde. La possibilité de faire converger ces intérêts pourrait alors résider dans l’ouverture d’une nouvelle relation partenariale.
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