Editorial
Éditorial
Haut-Karabagh, Ukraine, Gaza, mer Rouge… Autant de guerres qui, en quelques années, bousculent notre approche de la conflictualité et nous obligent à revoir nos modes d’actions pour faire face aux défis de demain. Robotisation, drones, Intelligence artificielle (IA), quantique, Espace… Autant de domaines où la guerre accélère et où l’innovation modifie profondément l’emploi de la force. Avec le paradoxe que, comme en Ukraine, nous pouvons être confrontés à un adversaire aux ambitions impériales du XIXe siècle voulant changer les frontières, avec des soldats combattant comme en 1914-1918 mais utilisant les technologies du XXIe siècle. Il en est de même sur les mers où une frégate de dernier cri peut combattre un boutre télécommandé bourré d’explosifs et dont la valeur n’excède pas quelques milliers de dollars ou d’euros.
Plus que jamais, notre défense doit s’adapter, voire muter pour être en mesure d’affronter ces nouveaux paradigmes. Avec l’exigence de devoir conduire des programmes sur le temps long comme le renouvellement de notre composante sous-marine de la dissuasion nucléaire avec les SNLE-3G nous emmenant dans la seconde moitié du siècle, mais aussi de pouvoir répondre dans la quasi-immédiateté à de nouveaux besoins comme les munitions téléopérées ou les drones tactiques dont l’obsolescence est désormais de quelques mois.
Cela signifie le besoin d’innover, d’accélérer notre capacité à prendre en compte à la fois de nouvelles menaces dans de nouveaux milieux et à développer des technologies disruptives souvent duales et au moindre coût. C’est le fil rouge de notre dossier croisant la nécessité de l’innovation avec la probable conflictualité de 2040. C’est un défi permanent pour nos états-majors et nos forces, pour la Direction générale de l’armement (DGA) et les différentes agences du ministère, pour nos industriels et pour nos chercheurs. Ne pas préparer la guerre d’hier. Sans pour autant faire fi du retour d’expérience des conflits en cours sous prétexte que la guerre de 2040 pourrait être différente. On le voit avec les plus de mille jours de guerre à l’est de l’Europe où le combattant ukrainien combat dans la boue et l’humidité des tranchées, sous le feu permanent de l’artillerie russe, tout en utilisant une « appli » sur un moyen numérique pour mettre en œuvre un microdrone fabriqué avec une imprimante 3D.
Innover est donc une obligation, dans un contexte d’accélération du tempo technologique. Avec une concurrence très forte y compris venant de nos Alliés, en particulier les États-Unis où l’argent coule à flots pour la Tech. À cet égard, la future Administration Trump ne nous fera aucun cadeau dans ce domaine, à l’image de SpaceX et de son propriétaire Elon Musk. D’où la mise en ordre de marche de notre écosystème de défense pour innover, développer mais aussi produire. Préparer 2040 est donc un défi majeur et indispensable avec bien sûr l’incertitude de l’environnement géopolitique mais avec la certitude que la compétition stratégique sera de plus en plus féroce face à des puissances hostiles. Innover est donc une évidence et un impératif pour notre défense. ♦