L’EMA s’est engagé dans la valorisation de l’innovation comme un des vecteurs de la supériorité opérationnelle. Cela signifie des processus rapides et efficaces pour éviter des obsolescences. La donnée est ainsi au cœur des enjeux pour qu’elle soit disponible et protégée au service des armées. Déjà des projets innovants sont devenus des réalités concrètes, notamment à l’occasion des JOP de Paris 2024.
L’innovation à l’État-major des Armées (EMA)
Innovation in the French Defence Staff
The French Defence Staff (État-major des Armées—EMA) is committed to promoting innovation as one of the key elements of operational superiority. It requires speedy and effective processes in order to avoid obsolescence. Data is therefore central to the challenges involved—it must be available and protected to be of service to the forces. A number of innovative projects has already become reality, particularly during the 2024 Paris Olympic Games.
Je tiens tout d’abord à définir très simplement les différentes formes d’innovation, telles que nous les considérons au sein du ministère. L’innovation peut essentiellement prendre deux formes : d’une part, l’innovation planifiée, à savoir les études et recherches visant à la satisfaction d’un besoin prévisible de moyen ou long terme, et d’autre part, l’innovation ouverte, qui est la réponse immédiate à des besoins, voire des irritants ou encore à des opportunités. Il faut pour cela préparer les capacités futures avec un haut niveau d’ambition techno-logique, avoir une aptitude à considérer des technologies émergentes et/ou de rupture (nouveaux entrants…) et enfin, éviter une spécialisation excessive des technologies par familles de produit. À cet effet, le ministère s’est organisé pour détecter, accélérer, piloter l’innovation en mode projets, que ce soit autour de projets de recherche, de technologie de défense, d’accélération de l’innovation et enfin, et surtout, d’innovation participative des acteurs même du ministère.
L’État-major des armées voit en l’innovation l’une des valeurs cardinales de la supériorité opérationnelle ; elle n’est pas la seule, nous pourrions également en citer d’autres, comme la performance du commandement, la capacité d’influence, la faculté de coopérer et de comprendre la situation stratégique et tactique. L’innovation comporte également une valeur dissuasive vis-à-vis de nos compétiteurs, du moins est-il possible de l’utiliser à des fins de signalement stratégique. L’importance de l’innovation se comprend aisément à l’aune du montant financier que la Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 lui accorde (10 milliards d’euros sur la période), mais aussi au regard du Retour d’expériences (Retex) de tous les conflits les plus récents, que ce soit celui du Haut-Karabagh, de la guerre en Ukraine, ou encore du conflit israélo-palestinien. Tous mettent en exergue la nécessité de disposer d’armes agiles et non figées (du haut du spectre technologique jusqu’à celles totalement duales) pour agir face à une multiplicité de menaces protéiformes et évolutives (détournant souvent des avancées technologiques civiles), qui combinent astucieusement effet de masse et déni d’accès.
Mon rôle, au sein du périmètre du Chef d’état-major des armées, et celui de toute la chaîne capacitaire des armées, consiste donc, d’une part à valider le besoin en technologies dont nous aurons besoin dans l’avenir, et d’autre part de susciter, faire foisonner et parfois financer l’émergence de technologies immédiatement disponibles pour résoudre les questionnements opérationnels de court terme. Au besoin, mon rôle consiste aussi à revoir nos processus d’acquisition afin de développer notre agilité à intégrer des solutions nouvelles au service de nos forces.
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