Le ministère des Armées s'est doté de l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de Défense (Amiad). Il s’agissait d’une nécessité opérationnelle pour répondre aux besoins exponentiels en matière d’IA, celle-ci étant déjà une réalité pour nos armées. L’Amiad se veut fédératrice et innovante en termes d’IA.
L’Amiad, une nouvelle agence pour l’IA de défense
AMIAD—a New Agency for Defence AI
The Ministry of the Armed Forces has created the Ministerial agency for defence artificial intelligence (Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de Défense—AMIAD). It was an operational necessity to respond to rapidly-increasing needs in AI matters—already a major issue for our armed forces. The AMIAD aims to coordinate and innovate in AI matters.
J’ai commencé dans l’Intelligence artificielle (IA) bien avant que le mot soit même à la mode, mais avec un peu de chance juste au moment où le sujet s’est mis à décoller en France. Le Buzzword était alors celui du « Big Data » et la réalité était celle d’un écosystème industriel très peu mature en la matière. Je cherchais à l’époque à pouvoir exercer un métier technique dans une organisation qui pouvait mêler le sens du service public ainsi que l’intérêt de la matière. Le ministère des Armées (Minarm), par la diversité des données et cas d’usage en tout genre dont il dispose, s’est trouvé être un parfait mélange entre mes priorités.
L’IA au sein du Minarm a fait, d’ores et déjà, l’objet de deux stratégies ministérielles en moins de 5 ans. À votre arrivée, comment avez-vous trouvé le niveau de développement de l’IA ou des IA au sein du ministère et au sein des forces armées ?
D’abord, ces deux stratégies ont une continuité : quand la première a permis de faire émerger l’IA comme un sujet d’intérêt majeur, la dernière se consacre à l’accélération et surtout à la mise en production de l’IA au service de nos forces. En conséquence, à mon arrivée au ministère début 2024, j’ai trouvé un terreau très fertile avec déjà énormément de cas d’usage, de réflexions et surtout un bon niveau d’acculturation : plus aucun décideur du ministère n’a besoin d’être convaincu que l’IA va être une révolution pour l’ensemble de nos métiers. Tous s’accordaient sur le besoin d’accélérer, et surtout de faire passer à l’échelle l’ensemble des projets qui avaient été lancés. Maintenant il s’agit de passer à l’acte.
Face aux priorités du Minarm, avez-vous les moyens, financiers, humains ou technologiques pour conduire une politique vraiment ambitieuse ? En particulier, quels sont vos moyens face à la compétition pour la ressource humaine, de l’attraction des talents ? La loi de finances 2024 consacre 130 millions d’euros à l’IA de défense, pour un budget total de 2 milliards d’ici la fin de la Loi de programmation militaire (LPM), est-ce que cela vous semble suffisant comparé aux niveaux d’investissement des Big Tech ?
L’ambition de la stratégie IA du ministère est extrêmement pragmatique : il ne s’agit pas de conduire des réflexions de très long terme ou de lancer des projets au long cours, mais au contraire de produire des effets immédiats, plutôt à l’échelle du trimestre que de l’année, et cela en se saisissant de ce que l’industrie sait faire en matière d’IA dans un premier temps, puis dans un second temps, en allant encore plus loin. Ainsi, les investissements consentis dans l’IA sont à ce stade adéquat : nous nous concentrons avant tout sur la ressource humaine en recrutant les 300 experts dont nous avons besoin pour mener à bien notre mission et réinternaliser la compétence de « faire », et cela assortit d’une politique de rémunération compétitive sur le marché.
Il reste 78 % de l'article à lire
Plan de l'article