Editorial
Éditorial
Alors que la nouvelle Administration Trump a attaqué son mandat avec détermination et sans perte de temps, voire avec une certaine brutalité, l’échiquier mondial se voit remis en cause et les pièces accélèrent leurs mouvements désormais réglés par les rapports de force et la recherche des déséquilibres stratégiques.
Aux Proche et Moyen-Orient, depuis le 7 octobre 2023 et les attaques terroristes du Hamas, les équilibres ont été profondément bouleversés. Israël n’a pas obtenu la victoire définitive par manque de définition d’un objectif politique clair, mais a durablement affaibli tant le Hezbollah au Liban, que le Hamas dans la bande de Gaza. Certes, les cessez-le-feu restent très fragiles et la libération de la totalité des otages n’est pas encore acquise. Néanmoins l’Iran, qui soutient ces mouvements terroristes depuis des décennies, se retrouve bien seule, malgré la récente signature d’un partenariat stratégique avec la Russie. L’effondrement brutal du régime de Bachar el-Assad en Syrie a de fait démontré que la garantie de Moscou n’était ni éternelle, ni fiable.
La Russie va entamer ce mois-ci la troisième année de son « Opération militaire spéciale » qui ne devait durer, selon les stratèges du Kremlin, que quelque trois semaines. Trois ans de guerre supportée par l’Ukraine, à un prix très élevé, tant sur le plan des pertes que sur la difficulté croissante de la vie au quotidien pour la population civile que Vladimir Poutine veut punir. Trois ans de guerre qui ont bouleversé les équilibres en Europe et obligé certains États à ouvrir les yeux sur la dépendance qu’ils avaient à l’égard de Moscou, notamment via le gaz. À ce jour, Donald Trump qui avait promis de régler en 24 heures ce conflit majeur, a désormais donné 100 jours à son émissaire pour trouver une voie de sortie. Celle-ci est très complexe car, pour Moscou, négocier signifie d’abord la capitulation de l’Ukraine et une révision de l’architecture de sécurité en Europe favorable à la Russie. Le risque d’une défaite globale de l’Europe est donc véritable et oblige les Européens à regarder la réalité géopolitique avec
lucidité. Le temps des dividendes de la paix est révolu depuis longtemps et le parapluie américain pourrait s’estomper.
C’est d’ailleurs un des axes de réflexion proposé par les Conversations de Gouvieux, organisées par le Centre d’études et de prospective stratégique (CEPS) et qui met en lumière ces nouveaux paradigmes de la stratégie, avec la conviction que la France dispose de réels atouts trop souvent sous-utilisés. Encore faut-il la volonté politique.
Partenaire des rencontres géopolitiques de Trouville, la RDN publie une partie de la thématique 2024 qui traitait des femmes et du pouvoir. Un sujet rarement abordé dans la Revue mais qui est plus que jamais d’actualité. Après le retour de l’« Homme fort » à la Maison-Blanche, il y a un vrai travail d’analyse à conduire aujourd’hui où, même dans nos États démocratiques, ce mythe trouve un écho favorable dans les opinions publiques. Il reste indispensable de poursuivre le combat pour que les femmes aient toute sa place dans les gouvernances politiques, économiques et sociétales. ♦