L’Administration Trump II aura à gérer de nombreux dossiers internationaux en s’appuyant sur une volonté farouche de défendre d’abord les intérêts américains. Dans le domaine de la défense, les Européens devront accepter de rentrer dans une nouvelle logique en étant davantage proactifs et plus coordonnés. La France est dans cette démarche en réaffirmant à la fois sa souveraineté mais aussi sa volonté de travailler ensemble.
Retour vers le futur : la politique étrangère et de défense de l’Administration Trump II
Return to the Future: Foreign and Defence Policy in the Second Trump Administration
The Trump II administration will have a number of international matters to handle, supported by the unshakeable will to defend US interests above all others. In the defence field, Europeans will have to accept a completely new state of play, and be more proactive and coordinated. France is taking part in this change by re-asserting both its independence and its desire to work together.
L’entrée en fonction de l’Administration Trump II fournit matière à de nombreux commentaires et interprétations, parfois catastrophistes, sur l’approche qu’elle adoptera en matière de politique étrangère et de défense. Dans ce contexte et à l’instar du premier mandat de Donald Trump, l’Administration montante et le mouvement qui la porte – Make America Great Again (Rendre à l’Amérique sa grandeur) – sont souvent présentés comme une anomalie historique par rapport aux fondamentaux d’une politique américaine visant à être le garant, en dernier recours, de la paix et de la sécurité mondiales.
Le présent article partira du postulat que la vision du monde de D. Trump et de son mouvement puise en réalité aux sources d’un certain exceptionnalisme américain, celui des Pères fondateurs et tout particulièrement du premier d’entre eux, George Washington (1732-1799), héros de l’indépendance et premier Président des États-Unis, qui, déjà, ne concevait de relations avec les puissances étrangères, et en particulier européennes, que sous l’angle commercial. On tâchera d’en déduire quelques linéaments en termes de politique étrangère et de défense sous Trump II, avant d’en retracer les conséquences pour notre pays et notre continent.
Donald Trump, ou le retour aux sources
« La grande règle de conduite pour nous en ce qui concerne les nations étrangères est d’étendre nos relations commerciales et d’avoir avec elles aussi peu de liens politiques que possible. (…) L’Europe a une série d’intérêts primaires qui n’ont aucun rapport, ou très lointain, avec les nôtres. Par suite, elle s’engage inévitablement dans des polémiques fréquentes dont les causes sont essentiellement étrangères à nos préoccupations. Il est donc nécessairement peu sage pour nous de nous impliquer par des liens artificiels dans les vicissitudes ordinaires de sa politique ou dans les combinaisons et collisions ordinaires de ses amitiés ou inimitiés. Notre situation détachée et distante nous invite et nous autorise à suivre une voie différente (…). Nous pouvons choisir la paix ou la guerre, selon ce que notre intérêt, guidé par la justice, nous dictera. Pourquoi abandonner les avantages de cette situation si particulière ? Pourquoi quitter notre sol pour aller sur un sol étranger ? Pourquoi, en reliant notre destinée à celle de quelque partie de l’Europe que ce soit, mêler (entangle) notre paix et notre prospérité aux vicissitudes des ambitions, des rivalités, des intérêts, des humeurs ou des caprices des Européens ? Notre véritable politique est de nous tenir à l’écart d’alliances permanentes avec aucune partie du monde étranger (1). »
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