Au cours de l’été 2024, le front ukrainien a été marqué par une létalité maximale liée à la densité des forces déployées et à l’intensité des feux, ceux-ci étant par ailleurs efficaces. Une meilleure lisibilité du champ de bataille par le renseignement entraîne une destruction quasi-inéluctable de l’adversaire. D’où la nécessité de réfléchir à de nouveaux modes d’action.
Ukraine, été 2024 : la tactique à l’heure de la létalité maximale
Ukraine, Summer 2024: Tactics in the Era of Maximum Lethality
Throughout the summer of 2024, the Ukrainian front was notable for high level of lethality in relation to the density of forces deployed and the intensity—and effectiveness—of fires. The better visibility of the battlefield provided by intelligence leads almost inevitably to the destruction of the adversary. From this arises the need to consider new modes of action.
Le mardi 6 août 2024, quelques groupes des forces armées ukrainiennes s’infiltrent en territoire russe dans la région de Soudja, oblast de Koursk. Le lendemain, les premiers éléments de la 22e Brigade mécanisée franchissent à leur tour la frontière : l’Ukraine attaque la Russie ! Cette manœuvre blindée et mécanisée, assez classique en somme, a permis un gain considérable à l’échelle du conflit : presque 1 000 km² conquis en quelques jours (1). Elle fait cependant figure d’exception et semble bien confirmer la règle alors valable sur le reste du front : les gains sont lents, très lents. Pourtant, au même moment, les Russes ont entamé une progression méthodique menée par de l’infanterie débarquée en direction de Pokrovsk (oblast de Donetsk) qui va s’accélérer et finir par effacer les gains ukrainiens en Russie.
© Ministère des Armées
Pourquoi la tactique classique des Ukrainiens, pourtant remarquablement déroulée, n’a-t-elle pas été exploitée ? Pourquoi les progrès russes, aux antipodes de cette même manœuvre, ont-ils été couronnés de plus de succès ? Ce que cet article va tenter modestement d’éclairer, c’est que le résultat des choix tactiques russes et ukrainiens durant cet été 2024 a été directement corrélé à la présence, ou non, des facteurs permettant une létalité maximale, jusqu’à priver la manœuvre classique de toute efficacité.
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