La taille des porte-aéronefs fait l’objet de nombreux débats. Au final, plus celle-ci est importante, plus les capacités opérationnelles du navire sont grandes. Il y a ainsi des effets de seuil et donc d’emploi. Les plateformes les plus grosses permettent d’optimiser le fonctionnement et donc l’efficacité stratégique du groupe aéronaval. Cela est aussi nécessaire afin de pouvoir faire évoluer le bâtiment dans la durée.
Sale temps pour les gros ? Réflexions sur la taille des porte-aéronefs
A Bad Time for Heavyweights? Thoughts on the Size of Aircraft Carriers
The size of an aircraft carrier has long been the subject of much debate. In short, the bigger it is, the greater its operational capabilities. From that comes consideration of its threshold of use. The biggest vessels allow optimisation of its capabilities and hence the strategic effectiveness of the naval-air group, all of which are necessary for the ship to operate in the longer term.
Par les temps qui courent, les constructions humaines aux dimensions imposantes n’ont pas le vent en poupe. Dans la sphère militaire, être « gros » est souvent synonyme de lourdeur, de manque d’agilité, de vulnérabilité, de surcoût, voire d’irresponsabilité environnementale. Le monde naval n’y échappe pas : être « gros », c’est se distinguer par des dimensions imposantes et un déplacement important, c’est être en apparence à rebrousse-poil des logiques de guerre en réseau, d’opérations navales « distribuées », voire à contre-courant du principe d’économie des moyens. Il faut dire que la conflictualité qui se déroule sous nos yeux en mer Noire semble donner l’avantage aux meutes de drones et aux frappes de missiles tirés depuis la terre face aux navires russes de la flotte de la mer Noire, dont une bonne partie a été mise hors de service sous les coups ukrainiens, à commencer par l’imposant croiseur Moskva en avril 2022. Et la mer Rouge n’est pas en reste, avec ses images de mastodontes du transport maritime, tel le tanker Rubymar en février 2024, frappés par les piqûres des drones et des missiles houthis.
Dans la panoplie des objets majeurs de la guerre navale, les porte-aéronefs occupent une place de choix, et font l’objet de débats récurrents sur les avantages comparatifs de leur taille et de leur déplacement. Or, ces débats, aussi vieux que la guerre aéronavale, prennent parfois une tournure irrationnelle et ignorent certaines données qu’il n’est jamais inutile de rappeler. Car, au-delà des apparences, la taille a des avantages qu’on ne saurait nier.
Pour éclairer cette question, nous nous proposons de donner ici quelques éléments factuels sur l’avantage, pour un porte-aéronefs dont la mission principale est de porter le fer chez un adversaire déterminé, d’être gros. Non pas pour nous faire les apôtres d’un navalisme rétrograde (1), mais pour montrer que la taille, loin d’être un symptôme de dérive, est à plusieurs égards un choix rationnel pour qui cherche à optimiser une telle plateforme de combat naval.
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