Nicolás Maduro a été réinvesti Président du Venezuela au terme d’élections manipulées. Son régime repose sur une répression des opposants et une alliance avec Cuba, le Nicaragua et la Russie, sans oublier une présence de plus en plus visible de la Chine. Avec l’arrivée de la nouvelle Administration Trump, les tensions risquent de s’exacerber tant les postures s’opposent.
Amérique latine - Venezuela : un nouveau « rideau de fer » politique
Latin America—Venezuela: A New Political Iron Curtain
Nicolás Maduro was reinvested as president of Venezuela following rigged elections. His regime relies on repression of opposition and an alliance with Cuba, Nicaragua and Russia, not to forget an increasingly visible Chinese presence. With the new Trump administration, and given the radically different postures, tensions are likely to increase.
Un « rideau de fer » (1) politique et institutionnel ne se serait-il pas abattu sur le Venezuela depuis les élections présidentielles du 28 juillet 2024 (2) ? Sans jamais avoir présenté les actes électoraux prouvant une victoire remportée dans les urnes par son adversaire, Edmundo González Urrutia (3), Nicolás Maduro a été investi à la tête de la République bolivarienne du Venezuela, le 10 janvier 2025 à Caracas, pour un troisième mandat hasardeux et chaotique. Bien au-delà d’un combat entre légalité institutionnelle et légitimité populaire, le Venezuela devient le révélateur d’une fracture qui s’installe sur la scène internationale et notamment en Amérique latine, entre les tenants d’un système alternatif communément appelé « Sud Global » et les défenseurs de l’ordre de sécurité et de gouvernance établi au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et les Accords de Bretton Woods pour la structure financière globale. Successeur de Hugo Chávez (4), Nicolas Maduro est à la tête du Venezuela après avoir remporté les élections du 14 avril 2013 et celles (contestées) du 28 juillet 2018. La realpolitik est le pilier d’un régime qui a renforcé son appareil policier et militaire depuis des années le rendant incontournable dans les frontières nationales.
À l’international, son alliance avec la Russie (5) le place sous un « parapluie » protecteur lui permettant de mener à bien de nombreuses atteintes au concept de la démocratie, des outrances avec plusieurs pays latino-américains parmi lesquels l’Argentine depuis l’élection de Javier Milei le 19 novembre 2023. S’il n’a plus les moyens de son prédécesseur pour implanter une alliance continentale à l’instar de l’ALBA (6), Nicolas Maduro, se veut le leader d’un axe anti-étasunien passant par Managua, La Havane et La Paz. Le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, et plus encore le chef de l’État chilien, Gabriel Boric, ont pris leur distance depuis les élections de 2024 : le premier s’est opposé à l’entrée du Venezuela dans les BRICS (7), sachant que Caracas tenterait de devenir le leader d’un mouvement anti-occidental en Amérique latine mais également à l’échelle internationale, servant de bras armé politique à ceux qui s’opposent déjà à Washington ou s’inscrivent dans une période de remise en cause des règles commerciales ou financières.
Contrôlant l’appareil sécuritaire à l’intérieur et allié à la Russie, à la Chine et à l’Iran à l’extérieur, le Venezuela de Maduro est disposé à faire l’impasse sur la coopération régionale. La majorité des États d’Amérique latine ne le reconnaît pas comme le Président légitime. Pourtant, la relation avec la Colombie perdure, Gustavo Petro maintenant une posture « médiane », mais finalement bienveillante avec Caracas. Surtout, la présence de la Chine se renforce sur le continent : l’ouverture du port de Chancay au Pérou en novembre 2024, constitue le plus important investissement chinois (8), renforçant la route commerciale avec le Pacifique et pouvant attirer à elle les pays de la façade atlantique, dont le Brésil. Autant de réalités qui sont appelées à nourrir la guerre commerciale que vont se livrer les États-Unis de Donald Trump et la Chine de Xi Jinping. Cette situation de tensions et de crises ne peut que servir N. Maduro pour asseoir, au nom de principes de libération et d’indépendance, un régime certes illégitime sur le plan électoral, s’inscrivant dans la dénonciation d’un ordre international supposé être occidental et par conséquent hostile, mais fort de sa structure sécuritaire dans ses frontières nationales.
Il reste 82 % de l'article à lire
Plan de l'article