Extraits de l’allocution de Jacques Chirac, président de la République, en réponse aux vœux des armées, le jeudi 8 janvier 2004.
Extraits de la réponse du ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, aux vœux des armées.
Extraits de l’allocution de Jacques Chirac, président de la République, en réponse aux vœux des armées, le jeudi 8 janvier 2004.
Extraits de la réponse du ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, aux vœux des armées.
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En 2003, ...l’activité opérationnelle de nos armées, ...très soutenue, ...a permis à notre pays de marquer son rang et de jouer un rôle conforme à son histoire, à ses valeurs et à ses intérêts.
Dans les Balkans, nous observons des signes encourageants de retour progressif à la paix et à la stabilité... (qui) permettent d’envisager la réduction de la présence militaire dans les trois pays concernés. C’est déjà chose faite en Macédoine depuis le 15 décembre dernier, avec la fin de l’opération Concordia. Ce devrait être aussi le cas en Bosnie et au Kosovo en 2004, avec la diminution probable des contingents de la Sfor et de la Kfor.
En Afghanistan, notre contingent, dans un environnement très difficile, agit au sein du dispositif international avec une efficacité remarquée, pour lutter contre le terrorisme et aider au retour de la pleine souveraineté afghane. Et je voudrais avoir une mention particulière pour nos forces spéciales qui s’illustrent quotidiennement dans le Sud-Est de ce pays et qui forcent le respect de tous nos partenaires.
En Afrique, nos Armées ont contribué, activement et concrètement, à mettre en lumière les relations particulières de partenariat, de solidarité, d’amitié et de respect mutuel, que nous entretenons avec ce continent.
Je sais toute la part prise par le contingent français dans le difficile processus de réconciliation en Côte d’Ivoire...
Je veux également souligner la qualité de l’action qui a été menée à Bunia, en république démocratique du Congo. L’opération Artémis, première intervention militaire conduite de manière autonome par l’Union européenne, hors d’Europe, aura été, dans sa conception et dans sa conduite, une réussite totale...
Je ne saurais enfin oublier le rôle qu’exercent tous nos autres détachements militaires, engagés aujourd’hui dans 26 opérations à travers le monde, que ce soit à titre national, sous la bannière de l’ONU ou celle de l’Alliance atlantique, organisation pour laquelle la France est l’un des contributeurs majeurs, on ne le relève pas assez souvent. Au total, ce sont plus de dix mille soldats français qui œuvrent chaque jour, hors du pays, pour que la paix progresse.
Votre intérêt pour les opérations extérieures ne doit cependant pas vous conduire à minimiser l’importance des missions que vous remplissez sur le territoire national, en métropole ou dans nos départements et territoires d’outremer, que ce soit pour répondre à des situations de crise ou accomplir des actions de service public.
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Il est normal que les Armées participent, à leur façon, à l’effort collectif qui s’impose quand la nation doit faire face à une catastrophe naturelle ou à une situation délicate. Disponibles, efficaces, dotées de moyens spécifiques, elles apportent, dans ces circonstances exceptionnelles, une contribution indispensable.
Pour autant, ce type d’engagement doit être maîtrisé dans son ampleur et sa durée, car ces missions ne sont pas sans conséquences sur l’entraînement et la préparation des forces pour les actions de projection qui sont au cœur de votre métier...
C’est pourquoi il faut veiller en permanence à ce que les priorités soient bien pesées...
Vous devez également vous investir dans des missions de service public, permanentes, souvent méconnues, mais tout aussi nécessaires à la Nation. La spécificité de certains de vos équipements crée d’évidentes responsabilités dans des domaines où les Français attendent légitimement l’action de l’État. C’est notamment le cas pour la Marine nationale à laquelle j’ai demandé de redéployer ses moyens pour participer plus encore à la surveillance des pêches, à la lutte contre le narco-trafic, au sauvetage et à l’assistance en mer.
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L’année 2003 a aussi été marquée par un certain nombre d’avancées importantes qui auront un impact très fort sur notre appareil de défense.
Je reviens sur deux d’entre elles : la poursuite de l’effort de défense et la défense européenne.
...L’effort de redressement de notre défense se poursuit de manière constante et vigoureuse.
La politique de défense de la France est à la fois la garantie à long terme de sa sécurité et aussi un instrument essentiel de son influence dans le monde. Fondée sur des principes solides qui sont ceux de la Ve République — indépendance de décision, autonomie d’action, solidarité européenne croissante et respect de nos alliances — elle est actualisée en permanence. Loin de se figer sur des analyses immuables, elle prend en compte l’évolution du monde et la réévaluation des menaces qui pèsent sur notre sécurité.
Profondément renouvelée par la professionnalisation et les réformes engagées en 1996, elle a su s’adapter en fonction des enseignements tirés des crises où nos armées ont été engagées et de la compréhension des grands événements qui ont bouleversé le paysage stratégique, en particulier depuis l’année 2001. Les rapports présentés au Parlement, à l’occasion des lois de programmation militaire, sont l’expression publique de cette réflexion et constituent la référence commune de nos armées. Ils définissent leurs missions, leurs objectifs, les grandes fonctions qu’elles doivent assumer et les moyens qui leur sont alloués.
En Europe, la France a montré la voie. Le redressement de nos crédits militaires, ...doit nous permettre de combler les insuffisances apparues du fait d’une baisse excessive des ressources disponibles. De même, il garantira la mise en place des capacités opérationnelles adaptées à des objectifs redéfinis au vu des transformations de notre environnement. Ainsi pourrons-nous effectivement assumer nos responsabilités sur une scène internationale où notre pays est à la fois attendu et respecté.
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Cette démarche de modernisation de notre outil de défense s’intègre toujours davantage dans le cadre de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique.
2003 restera, dans l’histoire de la construction européenne, comme une année importante pour la consolidation de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) lancée à Cologne en 1999. Nous avons pris en effet les décisions qui doivent permettre à l’Europe d’assumer ses responsabilités sur la scène internationale.
Pour la première fois, nous avons adopté ensemble, en Conseil européen, un document sur la stratégie européenne de sécurité qui permet de définir une vision commune et ce n’était pas si facile.
Nous avons aussi décidé, sur la base d’une proposition britannique, française et allemande, d’améliorer nos capacités de planification et de conduite d’opérations autonomes, de manière pleinement compatible avec l’Otan.
Une Agence dans les domaines du développement des capacités, de la recherche, de l’acquisition et de l’armement sera créée en 2004. Elle devrait aider, notamment, à une meilleure convergence des efforts de chaque pays en favorisant l’harmonisation des capacités militaires et en accélérant le rapprochement des politiques d’armement de nos pays.
Enfin, le projet de traité constitutionnel prévoit un mécanisme décisionnel approprié pour les partenaires qui souhaitent aller plus vite et plus loin dans le domaine de la défense.
Ainsi, ces décisions permettront à l’Europe de la défense d’avoir plus de personnalité et d’être davantage crédible. Des situations se présenteront où l’Otan ne voudra pas ou ne pourra pas intervenir. L’Union européenne doit s’y préparer. C’est la raison pour laquelle nous poursuivons inlassablement la construction de la Politique européenne de sécurité et de défense, en toute transparence avec l’Otan, mais avec fermeté et détermination.
Au Sommet de l’Alliance atlantique, à Prague, en novembre 2002, j’avais marqué la volonté de la France de participer pleinement à son adaptation aux nouveaux enjeux de sécurité. Nous contribuons en particulier, de manière significative, à la mise en place de sa force de réaction, la NRF. Nous attendons naturellement de nos alliés qu’ils reconnaissent objectivement l’importance de cette contribution.
Au Sommet d’Istanbul, je rappellerai l’attachement de la France à l’Alliance atlantique. Je rappellerai aussi que la France conçoit ses engagements dans l’Union européenne et dans l’Alliance comme parfaitement compatibles. Il n’existe pas, il ne peut pas exister, d’opposition entre l’Otan et l’Union européenne.
Le rôle déterminant que nous jouons, tant dans la construction d’une Europe de la défense crédible, que dans la transformation de l’Alliance, vous impose des adaptations constantes à un cadre stratégique en pleine évolution. C’est plus particulièrement vrai pour celles et ceux d’entre vous qui servent dans des états-majors de force ou dans des organismes chargés de la préparation de l’avenir. C’est en vous montrant ouverts à ces changements, imaginatifs et résolus que vous réussirez à relever ce nouveau défi qui est devant nous, comme vous avez su avec brio relever celui de la professionnalisation.
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Jacques Chirac
…Après avoir évoqué les activités de nos forces armées très sollicitées à l’extérieur comme à l’intérieur... le ministre aborde le personnel de la Défense.
En ce qui concerne le personnel militaire… L’année à venir sera celle de la révision du statut général… Un projet de loi interviendra avant l’été et je demande que les textes d’application soient rédigés simultanément.
En ce qui concerne le personnel civil… La politique de revalorisation indemnitaire et l’amélioration des conditions d’avancement (se poursuit)… Un plan d’action sera engagé pour que (les) recommandations (sur la place du personnel civil dans une armée professionnelle — général Bachelet ; M. Champey) soient hiérarchisées et traduites en mesures concrètes.
La loi organique relative aux lois de finances (Lolf) représente une étape considérable dans la réforme de l’État. La Défense a tout à gagner de la Lolf : …en organisation, en performance, en innovation.
J’entends que vous vous appropriez cette réforme.
La communauté de défense ne pourrait avancer avec son temps sans le lien qui l’unit à la Nation… Nous devons redoubler d’efforts pour que les Français connaissent et s’approprient pleinement leur Défense.
Le rôle des jeunes, et notre rôle à l’égard des jeunes, est primordial dans ce domaine : c’est pourquoi j’ai décidé de réformer la JAPD.
L’autre lien majeur entre les armées et la société française, ce sont les réserves… Je souhaite que nous allions plus loin dans la définition du rôle, de la place et de l’emploi de la réserve.
Un effort budgétaire important a été consenti pour les réserves en 2004 afin de poursuivre leur montée en puissance.
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Lors de l’année écoulée, de grands programmes ont été finalisés en coopération avec nos partenaires européens.
De l’A400M, du Tigre ou du NH90 au domaine spatial, avec l’avancée des programmes Hélios II et Syracuse III : ce sont des programmes ambitieux qui étendent la coopération européenne.
Après une année 2003 difficile et chargée, nos objectifs pour l’année qui commence sont ambitieux :
• assurer à l’extérieur comme à l’intérieur la protection et le soutien à nos concitoyens pris dans des crises ;
• garantir à la France sa place et son rôle effectif dans la communauté internationale ;
• agir pour la paix, lutter contre le terrorisme et la prolifération ;
• donner à nos concitoyens et particulièrement aux plus jeunes d’entre eux, un certain idéal, une certaine idée de l’avenir et de la France.
La Nation nous donne pour la deuxième année consécutive les moyens de ces ambitions, en parfaite conformité avec la LPM.
La volonté du président de la République de maintenir les crédits a été le signe fort de sa confiance ; c’est aussi une responsabilité.
Je sais que vous, militaires comme civils, pouvez rendre ces objectifs réalisables. Je vous en remercie d’avance... ♦
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