Documents diplomatiques français - 1940 - Les armistices de juin 1940
Une centaine de documents diplomatiques français relatifs aux armistices de juin 1940 viennent d’être publiés. Il s’agit de transcriptions et de compte rendu d’appels téléphoniques ou de correspondance diplomatique, mais aussi de télégrammes et de procès-verbaux de réunions plénières. L’ensemble de ces documents apporte un éclairage sur l’évolution des relations franco-britanniques alors que la cessation des combats paraît inéluctable. Il précise également la position des États-Unis et permet de suivre les travaux de la commission d’armistice.
Ces deux armistices, signés avec l’Allemagne le 22 juin et avec l’Italie le 24 juin, apparaissent comme la conclusion d’une situation militaire désespérée. Dès le 29 mai, le général Weygand, dans une note au président du Conseil, exprimait ses craintes que les positions défensives ne puissent plus être tenues. Dès le 10 juin, une nouvelle note du général Weygand annonce au gouvernement que l’effondrement du front est imminent. Face à l’alternative, l’armistice ou la poursuite de la guerre en Afrique du Nord comme y appellent de nombreux ambassadeurs, le gouvernement fait le choix de l’armistice le 15 juin.
La flotte française au cœur des négociations d’armistice
Cette décision des autorités françaises s’avère contraire à l’engagement du 28 mars 1940 selon lequel Français et Britanniques refusaient toute paix séparée avec l’Allemagne. Finalement, le Royaume-Uni accepte de délier la France de son engagement à condition qu’elle envoie ses navires dans des ports britanniques ou américains.
Le sort de la flotte française figure en effet au cœur des inquiétudes des autorités britanniques et américaines dont la correspondance diplomatique avec la France évoque longuement l’enjeu. En effet, Britanniques et Américains redoutent que l’Allemagne, en s’emparant des navires français, et avec le renfort de la marine italienne, ne soit en mesure de menacer dangereusement la flotte britannique engagée en Atlantique et en Méditerranée.
Habilement, le projet d’armistice soumis par le général Keitel déclare que l’Allemagne ne formule aucune exigence sur la flotte française et assure à la France que sa flotte peut être démobilisée et désarmée dans des ports français.
Les projets et le texte final des conventions d’armistices ainsi que les transcriptions des échanges téléphoniques entre la délégation française, emmenée par le général Huntziger, et son autorité mandataire permettent de retracer le cours des négociations. Celles-ci sont l’occasion de nombreuses demandes d’éclaircissements de la part de la délégation française au sujet de la traduction et de l’interprétation des articles qui sont initialement rédigées en allemand.
Parmi les réactions à l’annonce de l’armistice, le recueil publie les télégrammes des généraux Noguès et Mittelhauser qui, une fois les conventions d’armistice signées, font part de leurs espoirs de voir la lutte se poursuivre en Afrique du Nord sous les ordres du général Weygand. ♦