Défense Nationale s’honore de présenter à ses lecteurs ce magnifique ouvrage. Superbement illustré de nombreux documents, le livre est à la fois l’histoire des combats de la RC 4 et un hommage rendu aux combattants. Moins célébrée que la bataille de Diên Biên Phu, celle de la RC 4 fut une tragédie de même ampleur et dont les héros, dans leur grande majorité, n’étaient pas des Français de France : légionnaires, Marocains, Indochinois s’y illustrèrent. Le 3^e BCCP (Bataillon colonial de commandos parachutistes), qui y succomba, est la seule unité entièrement française qui y ait été engagée.

Le drame, replacé dans le cadre du retour de la France en Indochine à partir de 1946, se déroule en trois phases : réoccupation de la RC 4, le long de la frontière de Chine, à l’automne de 1947 ; équilibre précaire en 1948 et 1949 ; irrémédiable retournement en 1950, l’aide des communistes chinois permettant au Vietminh de mettre sur pied un véritable corps de bataille et rendant inévitable l’abandon de la « route coloniale ».

Face à la détermination du commandement adverse, on peut s’indigner des atermoiements des responsables parisiens, comme des dissensions au sein même du commandement militaire. Toutefois, les auteurs font preuve d’une retenue estimable dans la recherche des responsabilités et soulignent la situation impossible dans laquelle ont été placés les acteurs de terrain, Charton, Constans, ou Le Page. Apparaît alors en toute sa pureté le sacrifice des combattants. 7 500 hommes ont été engagés, il n’y eut que 1 400 rescapés.

Devant un tel désastre on s’étonne – et on admire – que l’armée française ait encore tenu quatre ans en ce lointain territoire, face à un ennemi implacable. Miracle ? Le mérite en revient au général de Lattre de Tassigny. Deux mois après l’abandon de Lang Son, il arrivait à Saïgon. ♦