Joffre
On ne comprendrait rien au caractère, à la manière de vivre du maréchal Joffre, si on le séparait de « l’événement ». Seul, quand il s’est trouvé sur sa route, « l’événement » a pu tirer Joffre de l’effacement où il se tenait d’habitude sans effort, sans calcul, parce qu’il obéissait à sa nature. Certes il avait en 1914 montré d’étonnantes aptitudes à faire face à « l’événement ». Il n’eût pas été choisi pour commander les armées françaises s’il n’eût déjà révélé partout où il passait un tempérament de chef à l’aise devant les responsabilités.
Gallieni, au moment où Joffre quittait Madagascar, l’avait bien jugé quand il le citait en ces termes à l’ordre du corps d’occupation : « Il laisse une œuvre d’une importance capitale aux points de vue militaire et maritime, œuvre qu’il a organisée à ses débuts, dont il a assuré le développement dans tous ses détails avec une constante énergie et une méthode invariable, et qu’il vient de conduire à son achèvement définitif. »
Dans ces cinq lignes, il y a tout l’essentiel : constante énergie, méthode invariable. C’est sur cette base solide que Joffre se mesura avec la guerre.
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