Gendarmerie et sécurité intérieure - Le Centre national de formation au commandement
Depuis le 1er juillet 1999, l’École de gendarmerie de Rochefort abrite le Centre national de formation au commandement (CNFC), chargé de la formation continue des sous-officiers gradés de la Gendarmerie (1). Dans le cadre du plan de « rénovation du service public » engagé dans le prolongement du malaise de l’été 1989, la Gendarmerie avait décidé, en 1991, de rénover la formation de ses gradés, exerçant des responsabilités de commandement dans les unités élémentaires que sont les brigades territoriales, les brigades de recherches, les pelotons de Gendarmerie mobile ou encore les pelotons d’autoroute. Aussi, en 1993, fut constitué, à Tulle, le Centre national de qualification au commandement proposant, dès 1995, des stages aux nouveaux commandants de brigades. Le CNFC est donc le résultat de ce mouvement tendant, pour les sous-officiers, à accompagner, par une séquence de formation continue, le franchissement des grades et l’accession aux responsabilités de commandement.
Outre l’acquisition de savoirs professionnels complémentaires, l’objectif principal de cette « école de gradés » réside dans la nécessité d’une sensibilisation aux conditions modernes d’exercice du commandement, en phase avec les exigences opérationnelles et les évolutions socio-culturelles. Le transfert sur le site de Rochefort (dans l’emprise du Centre interarmées de formation de Rochefort) et le changement d’appellation (avec l’emploi du terme de « formation » au lieu de « qualification ») procèdent également d’une volonté institutionnelle de reconnaître à la formation continue une place importante dans le processus de réformes tous azimuts engagées par la Gendarmerie ces quinze dernières années. Ainsi, à l’heure actuelle, deux importantes réformes sont au centre de la formation dispensée à Rochefort : d’une part, la mise en place des communautés de brigades, qui réorganise le fonctionnement des brigades territoriales par un regroupement de deux ou plusieurs brigades de proximité placées sous un commandement unique (2) ; d’autre part, le plan d’adaptation des grades aux responsabilités exercées (Pagre) (3), qui revalorise les carrières et favorise l’accès des sous-officiers au corps des officiers.
Afin de préparer les gradés de la Gendarmerie à leurs responsabilités, le CNFC développe actuellement quatre types de stages :
– le stage national de formation des gradés : d’une durée de trois semaines (109 heures), ce stage s’adresse aux maréchaux-des-logis-chefs, nouvellement nommés, et aux gendarmes inscrits au tableau d’avancement, avec des enseignements axés sur le management et les relations humaines, la fonction d’adjoint et de gradé d’encadrement et le rôle opérationnel du gradé (5 stages en 2004).
– le stage préparatoire au premier commandement : d’une durée de quatre semaines (137 heures), ce stage est ouvert aux gradés prenant pour la première fois le commandement d’une unité élémentaire de la Gendarmerie départementale et aux gradés supérieurs de la Gendarmerie mobile. Depuis 2003, ce stage est prolongé par une période complémentaire d’une ou deux semaines de « préparation des gradés aux emplois spécifiques » dispensée à Rochefort, Fontainebleau ou Saint-Astier en fonction de huit dominantes métier : brigade territoriale, peloton de surveillance et d’intervention, unités périurbaines, Gendarmerie mobile-Garde républicaine, unités recherches, unités routières, unités outre-mer, unités frontalières (6 stages en 2004).
– le stage des commandants de brigades de proximité : d’une durée de trois semaines (105 heures), ce stage est destiné aux gradés prenant pour la première fois le commandement d’une brigade de proximité, avec comme priorités le recentrage de leur action sur la sécurité publique, la maîtrise des transferts d’information et de fichiers informatiques au sein de la communauté de brigades, le perfectionnement en matière de relations humaines et l’exercice des responsabilités en matière de contrôle du service et de respect des règles déontologiques (4 stages en 2004).
– le stage des commandants de communautés de brigades : d’une durée d’une semaine (33 heures), ce stage est dispensé au profit de militaires expérimentés (lieutenants, majors, adjudants-chefs) ayant déjà exercé un ou plusieurs commandements d’unités élémentaires. La formation dispensée porte principalement sur l’acquisition d’outils de management des unités ainsi que sur le perfectionnement à la bureautique d’aide au commandement du service (5 stages en 2004).
S’appuyant sur des procédés pédagogiques privilégiant la participation et l’interactivité (dynamique de groupe, expression orale, rédaction d’écrits de service, travail dirigé, mise en situation, exercice pratique), la formation dispensée au CNFC procède d’une action de socialisation professionnelle orientée dans trois principales directions : l’acquisition des savoirs et techniques permettant d’appréhender les diverses facettes psychologiques, bureaucratiques et opérationnelles du commandement ; l’approfondissement des connaissances professionnelles en relation avec les fonctions de commandement ; la maîtrise des instruments informatiques et bureautiques de management et de gestion des ressources humaines, des services et des unités. En 2004, environ 3 000 stagiaires ont ainsi été accueillis au CNFC grâce à l’affectation en permanence de cadres détachés renforçant l’équipe somme toute réduite du centre (6 officiers, 6 sous-officiers et 3 gendarmes adjoints volontaires), de manière à assurer un encadrement, en moyenne, d’un formateur pour une douzaine de stagiaires.
Condition nécessaire de toute entreprise de modernisation, la formation continue constitue bien un enjeu crucial pour la Gendarmerie. Elle doit être considérée comme un droit pour le personnel, décliné, dans le cadre de la progression hiérarchique, comme un processus complet dont bénéficie le candidat à l’avancement (aide à la préparation du concours, sensibilisation aux nouvelles fonctions) comme le promu (suivi de stages de franchissement de grade et de préparation au commandement). Aussi doit-on lutter avec force contre la tendance, invariablement observée du sommet jusqu’à la base de la pyramide hiérarchique, à considérer la formation continue comme une déperdition de moyens venant immanquablement faire défaut dans l’accomplissement quotidien des missions, qu’il s’agisse des ressources budgétaires mobilisées, mais aussi et surtout de l’impossibilité d’aligner sur le terrain le personnel impliqué dans cette formation (formateur détaché ou stagiaire). Pour ce qui est de la Gendarmerie, malgré les évolutions intervenues ces dernières années, la formation continue demeure encore à la recherche des moyens symboliques et matériels en phase avec l’ambition réformatrice assignée, ce qui suppose des efforts considérables en termes d’affectation de ressources permanentes. Encore qu’en ce domaine des gains significatifs peuvent être obtenus par un usage plus systématique des techniques modernes de formation (notamment au niveau de l’enseignement en alternance et à distance), par une mise en réseau plus méthodique des écoles et centres de formation (avec une mise en synergie des programmes, des outils pédagogiques, des actions de formation des formateurs…) et par une ouverture plus significative en direction à la fois des autres administrations de défense et de sécurité, mais aussi des établissements publics d’enseignement supérieur. ♦
(1) L’École de gendarmerie de Rochefort comprend également : le Centre national de formation à l’international (préparation des militaires de la Gendarmerie désignés pour servir en opérations extérieures, cours international de français pour les officiers et sous-officiers étrangers devant intégrer une école ou un centre d’instruction militaire français) ; le Centre national de formation du corps de soutien technique et administratif de la Gendarmerie nationale (formation initiale d’élèves sous-officiers, préparation des stagiaires aux brevets conditionnant leurs accès aux grades supérieurs, préparation des chefs de service aux futures fonctions de commandement) ; et le Centre national d’assistance aux utilisateurs (assistance téléphonique notamment au profit des 50 000 utilisateurs quotidiens de l’application « bureautique brigade 2000 »).
(2) Cf. Chronique « La réforme d’ensemble du dispositif territorial de la Gendarmerie : les communautés de brigades », Défense Nationale, novembre 2003.
(3) Cf. Chronique « Le plan d’adaptation des grades aux responsabilités exercées », Défense Nationale, mars 2005.