L'Amérique des néoconservateurs. L'Empire a-t-il encore un avenir ?
L'Amérique des néoconservateurs. L'Empire a-t-il encore un avenir ?
Cette étude sur les néoconservateurs est l’occasion pour Denise Artaud de mettre en lumière leur rôle clé dans l’orientation de la politique étrangère des États-Unis vers davantage d’unilatéralisme, et de proposer un historique de ce courant de pensée. L’ouvrage, fondé sur une solide connaissance des publications américaines, abondamment citées, est particulièrement vif et stimulant.
Apparu dans les années 1960, le mouvement néoconservateur était initialement préoccupé par la politique intérieure mais, dans le courant des années 1970 se produit une première inflexion. Les néoconservateurs investissent le champ de la politique étrangère. Parallèlement, libéraux à leur origine, ils se rallient aux républicains lors de la victoire de Ronald Reagan, opérant ainsi un virage à 180° par rapport à leurs origines démocrates. Ce basculement est la conséquence de la remise en cause du consensus libéral-conservateur qui se produit à la fin des années 1960. Les intellectuels, futurs néoconservateurs, font une lecture conservatrice de la crise de la société américaine, qu’ils analysent comme une crise d’autorité et culturelle causée par la corruption des mœurs.
Se concentrant sur la politique étrangère, ils dénoncent la sous-estimation de la menace soviétique par l’Administration démocrate de l’époque et rallient Ronald Reagan qui affiche son hostilité à l’Union soviétique. Attachés à la préservation des valeurs morales et des principes qui fondent la République américaine, les néoconservateurs se démarquent alors des conservateurs républicains favorables à la Détente en prônant un vigoureux soutien au réarmement. Dès cette époque apparaît leur attachement à la promotion et à l’instauration de la démocratie à l’étranger. À la fin de la guerre froide, ils promeuvent une vision unipolaire du monde et affirment que l’unilatéralisme est une nécessité. Selon leur analyse du monde d’après la guerre froide, le leadership américain constitue la condition primordiale de l’avènement d’un monde pacifique.
Soulignant que leurs projets sont contrariés par la victoire des démocrates en 1992, l’auteur insiste sur l’opportunité que représentèrent les attentats du 11 septembre 2001 pour mettre en œuvre leur politique interventionniste : la stratégie preemptive. Celle-ci est développée dans le National Security of the United States, le 20 septembre 2002, qui affirme le droit des Américains de frapper où et quand bon leur semble. Elle critique la confusion entretenue dans le NSS entre l’ennemi et sa tactique. La volonté de faire la guerre au terrorisme ne parvient pas, selon Denise Artaud, à cacher l’absence de réflexion sur l’identité de l’ennemi et ses motivations.
S’intéressant à la guerre en Irak, elle met en lumière le discours simpliste de l’Administration Bush sur ce conflit et souligne que les États-Unis ont été entraînés dans la guerre par un petit groupe de néoconservateurs particulièrement influents en raison des postes clés qu’ils occupent dans l’Administration. ♦