Un nouveau monde dans les relations internationales
Un nouveau monde dans les relations internationales
Cet ouvrage ambitieux, mais de volume modeste, expose des réflexions sur le présent et le devenir des grandes régions et des principaux États de la planète. « Homme de l’international » ayant longuement séjourné à l’étranger, parlementaire, l’auteur possédait la compétence et les titres voulus pour s’atteler à ce travail de synthèse et de prévision. La difficulté ne fait au reste pas peur dans la famille. Tel fils, tel père !
Il s’agit donc d’un recueil d’une soixantaine de courtes notes (2 à 3 pages en moyenne), parfois émaillées de brèves citations, toutes relativement récentes (à savoir datant du siècle en cours) car rédigées pour la plupart en 2003 ou 2004. Dans ces conditions, l’actualité reste présente dans l’ensemble, même si certains sujets ont naturellement pu évoluer, que ce soit à propos des espoirs brésiliens dans le régime Lula, des chances de succès du SPD allemand, du protectorat syrien sur le Liban ou des aspirations de la population iranienne. Et lorsqu’on arrête à la date du 3 septembre 2001 un texte centré sur les États-Unis, il manque à l’évidence dans l’analyse l’élément déterminant qui interviendra huit jours plus tard.
L’auteur limite au strict minimum les présentations générales du type « État du monde », fort utiles et appréciées ailleurs, et s’attache surtout à faire ressortir les dominantes dans la description de la situation des pays majeurs, quitte à livrer des passages quelque peu schématiques et dénués de nuances (« les perspectives du Maghreb »). Il insiste entre autres sur les craintes et les hésitations aux États-Unis, mais aussi sur la « dimension religieuse » qui y règne ; sur la réhabilitation du passé et la « formidable ambition nationale » dans une Chine post-maoïste dotée d’un « appétit d’ogre » ; sur l’effacement du système kémaliste en Turquie ; sur l’« éclatement du péronisme en factions rivales » en Argentine… On ne peut fournir ici que des exemples et se permettre d’indiquer quelques préférences toutes personnelles comme l’impression de lassitude face aux problèmes du Moyen-Orient ou le portrait ciselé de Berlusconi.
Xavier de Villepin « se garde-t-il de prendre parti » ? C’est ce qu’affirme Hélène Carrère d’Encausse, préfacière du livre. Nous ne saurions contredire une illustre académicienne, mais on peut affirmer que l’argumentation est solide et le verbe musclé. Les jugements, pour modérés qu’ils soient, ne sont pas absents, jusqu’aux éléments du fameux et si actuel « déclin français ». Seuls les derniers mots auraient pu être tracés par Monsieur Tout-le-monde : « Le XXIe siècle ne ressemblera à aucun autre » ! ♦