Les soldats perdus : prisonniers en Indochine (1945-1954)
Les soldats perdus : prisonniers en Indochine (1945-1954)
L’Association nationale des anciens prisonniers d’Indochine (Anapi) réunit ici 26 témoignages sur l’horreur des camps du Viêt-minh. Certes, l’horreur est connue, plusieurs anciens détenus en ont fait des livres ; mais la variété de ces petits récits jusqu’alors inédits en fait le prix : des militaires racontent, mais aussi des civils, un marin embarqué, deux autres de l’aéronavale rescapés d’un avion abattu, un aumônier, un légionnaire étranger, un médecin gravement blessé, et même un enfant capturé à onze ans au Cambodge. Les lieux de détention sont divers : camp n° 1, camp 113 où officiait le sinistre Boudarel, camps nomades d’Annam, prisons japonaises. S’il fallait choisir les témoignages les plus touchants, on citerait celui de l’enfant prisonnier, et cet autre, le plus terrible sans doute, que l’auteur intitule superbement : Voilà !
Yves de Sesmaisons, bien placé pour le faire, livre une étude édifiante sur le processus de « lavage de cerveau ». Les nazis dans leurs camps tuent à petit feu ; les Viêts dans les leurs endoctrinent. Le Parti communiste français fut le complice constant de ce crime comme de son occultation ; le Parti existe toujours et personne ne s’en étonne. Les ravages ont été grands et parfois durables. La suspicion avec laquelle les rescapés ont été accueillis par leurs frères d’armes n’est pas la moindre de leurs épreuves.
Un pâle rayon de soleil luit pourtant dans ces ténèbres. Parfois, au détour d’une piste, un prisonnier, zombie squelettique, dépenaillé, barbu, pouilleux, croise le regard amical d’un modeste nha qué. D’où résulte, peut-être, que d’anciens prisonniers mènent au pays de leurs souffrances une œuvre caritative. C’est à celle-ci que sont consacrés les droits d’auteur de ce livre méritoire. ♦