Comment pourrait-on éviter que 15 000 taliban légèrement armés rendent difficile la vie de 30 millions d’Afghans et ce, malgré la présence de 300 000 soldats et policiers afghans et étrangers supérieurement équipés ?

L’approche coloniale française, en tant que méthode, mérite une relecture à l’aune de « la guerre que nos armées mènent en Afghanistan ». Dans ce cadre, les principes de pacification et d’organisation du Maréchal Gallieni, comportent des éléments applicables aux conflits asymétriques d’aujourd’hui parce qu’ils ont un enjeu commun : la population. « Il faut démontrer que nous sommes les plus forts et que notre domination est bienfaisante », en d’autres termes il s’agit de dissocier la population civile des insurgés en combinant effets de pression militaire et d’attraction. C’est par cette approche globale, fournissant à la fois sécurité et développement, qu’il est envisageable de rallier les indécis. Ainsi toute entreprise visant à gagner les cœurs et les esprits de la population débute par la connaissance du milieu (savoir), qui détermine et adapte les capacités (pouvoir), mises en action et coordonnées par une volonté politique affirmée et durable (vouloir).

La connaissance du milieu

Prélude de l’action, le savoir oriente la décision politique et en définit les moyens. Il embrase tous les champs, notamment ceux qui permettent de comprendre les dynamiques humaines, sociales et politiques locales. Ainsi, « un officier qui a réussi à dresser une carte ethnographique suffisamment exacte du territoire qu’il commande, est bien près d’en avoir obtenu la pacification complète, suivie bientôt de l’organisation qui lui conviendra le mieux ».