À propos de l'étude de Jean Klein, « Sécurité et désarmement en Europe », Travaux et recherches de l’Institut français de relations internationales ou Ifri (1987, 387 pages).
À travers les livres - Sécurité et désarmement en Europe
Dans sa collection « Travaux et Recherches », qui est toujours de haute tenue, l’« Institut français de relations internationales » nous présente un dossier très complet sur les rapports du désarmement avec la sécurité de l’Europe, qui a été constitué par Jean Klein, avec la compétence sur ces questions et la rigueur scientifique qu’on lui connaît. La publication de cet ouvrage survient à un moment particulièrement opportun, puisque le jour même où nous écrivons ces lignes, l’accord entre les deux Grands sur le démantèlement de leurs missiles nucléaires à portée intermédiaire, communément appelé accord sur l’« option zéro », entame pour la première fois depuis la guerre un processus de désarmement réel en Europe, qui ne peut manquer d’affecter fondamentalement sa sécurité (2).
Réduction des forces conventionnelles
Jean Klein a entrepris la recherche approfondie dont il nous présente la substance dans son livre, il y a vingt ans, c’est-à-dire à l’époque de la « détente » et alors que le rapport Harmel, peu connu en France mais célèbre chez nos alliés de l’OTAN, avait recommandé d’explorer la possibilité d’aboutir à une meilleure sécurité en Europe par des mesures concertées de désarmement (3). Répondant à cet appel, les 14 membres de l’organisation militaire intégrée du pacte de l’Atlantique Nord (c’est-à-dire sans la France) s’étaient alors prononcés pour une « réduction mutuelle et équilibrée des forces » déployées en Europe centrale. Mais leurs négociations à ce sujet avec les 5 membres du Pacte de Varsovie, désignées couramment par le sigle MBFR (Mutual and Balanced Forces Reductions), ne purent commencer à Vienne qu’en 1973 et elles se limitèrent aux forces conventionnelles. Notre auteur consacre un chapitre de son ouvrage à décrire de façon détaillée la genèse et surtout les vicissitudes de ces négociations, puisque au bout de 14 ans elles n’ont pas réussi à sortir de l’impasse, aucun début d’accord n’ayant pu être réalisé sur la situation chiffrée des forces du Pacte de Varsovie et les modalités des vérifications nécessaires.
Adoption de « mesures de confiance »
Dans un autre chapitre, aussi documenté et enrichi de notes et références bibliographiques que le précédent, Jean Klein débrouille l’écheveau des négociations sur la coopération et la sécurité qui se sont déroulées également depuis 1973 dans le cadre de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE). Cette dernière, dont la compétence s’étend « de l’Atlantique à l’Oural », réunit, outre les membres du pacte de l’Atlantique Nord (y compris la France) et du Pacte de Varsovie, les pays neutres ou non-alignés d’Europe, au total 35 États. Elle a abouti à la signature en 1975 de l’Acte final d’Helsinki dont la « première corbeille » concernant la sécurité comprenait, en dehors de déclarations d’intentions pacifiques (non-recours à la menace ou à la force, inviolabilité des frontières, non-intervention dans les affaires intérieures), quelques engagements concrets concernant des « mesures de confiance » (notification avec un préavis de 21 jours des manœuvres de forces terrestres dépassant 25 000 hommes, invitations réciproques d’observateurs) (4). Sur la proposition de la France, il fut décidé en 1982 de prolonger l’exercice précédent par une Conférence sur les mesures de confiance et de sécurité et sur le désarmement en Europe (CDE). Aux termes de ses 10 sessions qui se sont tenues à Stockholm, a été conclu en septembre 1986 un nouvel accord sur les mesures de confiance, qui est plus contraignant que le précédent (notification avec un préavis de 42 jours des manœuvres dépassant 13 000 hommes ; caractère obligatoire de l’invitation de 2 observateurs si elles dépassent 17 000 hommes).
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