Nous n’avons pas évoqué la Birmanie, derrière son « rideau de bambous », depuis un certain temps. Récemment, des incidents extrêmement graves, faisant de nombreuses victimes, s’y sont produits, nous rappelant que ce pays est lui aussi dans une situation politique et économique particulièrement difficile. L'auteur, qui réside en Thaïlande, nous commente ces événements. La « voie birmane vers le socialisme » est, comme toutes les voies vers un soi-disant socialisme, un échec dont les populations font les frais.
Birmanie : entre dictature et démocratie
Vingt-six ans de dictature politique liée à une crise économique ont provoqué en mars 1988 une révolte étudiante qui, progressivement mais rapidement, s’est transformée en émeutes populaires. Le scénario de ce soulèvement s’est déroulé, comme dans une pièce de théâtre, en plusieurs actes, se dirigeant inexorablement vers une fin qui ne pouvait être que le renversement total du régime ou le coup d’État militaire qui, finalement, eut lieu. Momentanément au moins, la tendance dure des forces armées a gagné, mais les difficultés se multiplient avec une économie inexistante, les guérillas des minorités ethniques et du parti communiste de Birmanie (PCB) qui, après avoir été mises sur la défensive, ont repris leurs harcèlements aidés par plusieurs milliers d’étudiants, et les partis de l’opposition qui réclament des élections. Confrontée à de multiples obstacles, la Birmanie a pris la forme d’un puzzle dont chaque morceau contient à lui seul de très différenciés et nombreux problèmes.
La ruine économique
Après le coup d’État du 2 mars 1962 par le général Ne Win, c’est dès le 30 avril qu’est publié un manifeste intitulé « La voie birmane vers le socialisme » (1) qui, sur le plan économique, préconise la nationalisation de toutes les entreprises, en particulier parce que dans leur quasi-totalité elles appartiennent à des étrangers (Anglais et Américains) ou aux membres des minorités chinoise et indienne. Beaucoup plus qu’une « socialisation », il s’agit plutôt d’une « birmanisation », le nationalisme n’étant pas seulement politique mais aussi économique. Après dix ans d’une totale inactivité hormis la création d’une bureaucratie qui gère l’économie dont le taux de croissance est 0,9 % durant cette période, le niveau de vie est en 1971 devenu inférieur à celui de l’avant-guerre. Malgré cet échec, le PPSB décide de transformer la Birmanie, en cinq plans quadriennaux ayant un taux de croissance moyen de 5,9 %, en État socialiste industrialisé. Mais le premier plan (1971/1972 - 1974/1975) (2) se termine en 1973 car le taux de croissance n’atteint que 2,7 %. Cependant, un premier coup est porté à la doctrine par le retour limité à la propriété privée, qui avait été supprimée, et le deuxième plan est préparé pour 1974/1975 - 1977/1978.
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