Données culturelles et religieuses
La matière dont j’ai à traiter, matière culturelle, est essentiellement mouvante. La définition même de la culture laisse à désirer. Il y a quelques années, des auteurs américains avaient consacré tout un livre aux définitions de la culture : on en a compté une cinquantaine et encore était-ce avant les révolutions dites culturelles ! Autant dire que mon exposé sera aussi mouvant que la vie elle-même. Ernest Renan considérait que l’histoire était une petite science conjecturale, sans doute avait-il raison et je crois que celle de la culture l’est encore plus, n’en déplaise aux anthropologues.
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Chacun sait que, traditionnellement, à l’est de Suez on cessait de parler français et que là commençait le domaine de l’imaginaire britannique. On y était accueilli d’emblée par deux chefs-d’œuvre de la littérature anglaise : Les sept piliers de la sagesse, de Lawrence, et un magnifique roman de Kipling sur La lumière qui s’éteint. Or, cette situation de quasi-monopole était en train de se modifier depuis une vingtaine d’années sous divers aspects, et notamment sous l’aspect culturel, car la région des émirats du Golfe et de l’Irak était devenue une nouvelle frontière pour certains Français : professeurs, entrepreneurs et, hélas ! marchands d’armes. Nous avions l’impression de marcher sur des sentiers qui n’avaient pas été foulés par les gens de notre nation. L’Irak en particulier avait été tenu à l’écart de la francité. Même l’enseignement de notre langue y avait été écarté des lycées. C’était une terra incognito pour l’orientalisme français, si j’en excepte les études de Massignon qui étaient d’ailleurs intemporelles, portant sur un mysticisme de haute époque.
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