La région dans l'économie internationale
Après avoir évoqué l’épée avec l’amiral Labouérie, la pensée et le livre avec le professeur Berque, il me revient de traiter… des fourneaux, c’est moins exaltant. Cependant, les considérations d’intendance, lorsqu’il s’agit de pétrole, peuvent être déterminantes dans la vie des peuples. En outre et depuis fort longtemps, le pétrole est lié à la diplomatie et aux armes. Les phénomènes perdurent ; je rappellerai simplement la phrase, très connue et qui a gardé toute son actualité, de Clemenceau pendant la guerre de 1914 ; s’adressant à Wilson, il lui dit : « Une goutte de pétrole vaut une goutte de sang ». C’était à l’époque de la bataille de Verdun ; la citadelle était approvisionnée uniquement par la Voie sacrée et les camions de l’armée française, qui apportaient vivres et munitions, risquaient de manquer d’essence. Cette vérité s’est à nouveau vérifiée dans les événements du Golfe. Le lien entre le pétrole et la puissance mérite donc d’être rappelé.
Le pétrole est un sujet embarrassant, sulfureux, polluant, au sens propre comme au figuré, et pourtant il se trouve que la civilisation industrielle de notre monde repose très largement sur la disposition de ce produit. Notre mode de vie et de production est fondé sur l’énergie ; or le pétrole est la forme la plus souple d’emploi, la plus commode à transporter et à stocker, la plus économique, la plus puissante.
Que de performances dans cette guerre du Golfe ! Un pays comme l’Arabie Saoudite a pu augmenter de 90 % sa production en deux ou trois mois ; seule de toutes les énergies le pétrole est en mesure d’apporter cette souplesse. S’il avait fallu ouvrir des mines de charbon ou construire des centrales nucléaires, les délais eussent été de cinq à dix ans. Le pétrole est ainsi une énergie irremplaçable, la seule qui permette d’équilibrer le bilan mondial en se contentant de tourner un robinet. Il est également adapté à tous les pays du monde : l’électricité, le gaz nécessitent des réseaux, toute une infrastructure, alors qu’un camion-citerne peut emprunter les pistes de la savane. C’est un produit absolument indispensable aux transports et à la chimie des pays industrialisés, mais c’est aussi l’énergie de base de tout pays en voie de développement.
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