Les Médecins sans frontières sont des hommes de terrain, et le terrain qu’ils foulent n’est pas d’accès facile : ces modernes aventuriers, pour lesquels les militaires ont beaucoup d’amitié, sont familiers des zones grises où règnent la misère, l’insécurité et la guerre. Ainsi disposent-ils d’une somme d’informations sans pareille. Ce riche matériau donne du poids à leurs analyses que mènent des dirigeants de grande culture et de grande ouverture d’esprit.

Les organisations caritatives modernes, dont MSF est le prototype, se sont définies par une orgueilleuse négation : organisations non gouvernementales. Jusqu’à peu, leur champ d’action ne leur était pas disputé par les gouvernements. Les États ayant mis de la charité dans leur diplomatie et fait de la paix le seul but de leurs guerres, « gouvernementaux » et « non-gouvernementaux » sont désormais en concurrence ; au moins sont-ils contraints à une cohabitation qui ne va pas de soi. Les responsables des ONG, forts de leur expérience, supportent souvent mal l’intrusion des pouvoirs dans leur ancienne chasse gardée. De ce combat nouveau, Médecins sans frontières est à la pointe. Trois livres qu’ils publient nous permettent à la fois de profiter de leurs connaissances, de mieux cerner les problèmes inattendus qu’ils rencontrent, de comprendre et juger la sévérité de leurs propos.

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