Une stratégie maritime pour la France
Systématiquement tournée, au cours des siècles derniers, vers ses frontières de l’est toujours menacées et trop souvent franchies par l’envahisseur, ayant fréquemment ignoré le littoral dont elle ne savait pas très bien s’il représentait une véritable « frontière de la peur » ou simplement un « rivage de l’espoir », la France s’interroge toujours sur la nécessité de posséder une marine et pour quelles missions.
Après avoir analysé rapidement le rôle de la marine au cours de ces dernières années, nous étudierons l’influence de la nouvelle donne géostratégique, analysée dans le Livre blanc sur la Défense, sur ses missions, puis nous nous poserons la question de sa participation éventuelle à la construction d’une défense européenne.
Représentant 71 % de la surface du globe, permettant plus de 80 % des échanges de marchandises, la mer constitue un espace de communication stratégique sur lequel il est de plus en plus nécessaire d’être présent. Elle constitue un réservoir de richesses minérales, énergétiques ou alimentaires que le développement du monde ne permet pas de négliger. Son caractère de res nullius, la « chose de personne », encore admis par le droit international, en fait plutôt « la chose de celui qui y est présent ». Or, la France est riveraine de tous les océans du monde grâce à ses Dom-Tom et de ce fait peut affirmer des droits exclusifs sur un domaine maritime de onze millions de kilomètres carrés. Bien sûr, la mer n’est pas absente de ses préoccupations puisque, puissance nucléaire autonome, membre de l’Alliance atlantique, elle a choisi de confier à l’opacité des océans la mobilité de ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. Rappelons que leur mise en œuvre mobilise depuis des lustres une part importante de la marine et que cela continuera car on ne voit pas, à court ou à moyen terme, de progrès technologique susceptible de remettre en cause leur quasi-invulnérabilité.
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