Politique et diplomatie - Vers une Europe unie différenciée ?
En cet automne 1994, la ratification difficile du traité de Maastricht sur l’Union européenne s’éloignant, les débats sur celle-ci et son avenir se réveillent. Déjà se rapproche l’échéance de la Conférence intergouvernementale de 1996 qui, selon le traité, doit procéder à une mise à plat de tous les aspects de l’Union. Dans cette perspective, des thèmes émergent. Il s’agit, d’abord, de celui de l’Europe à géométrie variable ou à plusieurs vitesses. Telle est la problématique du document du groupe parlementaire CDU-CSU, Réflexions sur la politique européenne de septembre 1994, qui donne bien le coup d’envoi aux discussions : « Les institutions de l’Union doivent être développées de manière à atteindre une élasticité capable de compenser les tensions inhérentes à une communauté s’étendant du cap Nord à Gibraltar et une différenciation suffisante pour tenir compte des capacités (et volontés) d’intégration différentes des pays ».
Le Premier ministre Édouard Balladur paraît partager cette approche, dans son entretien au Figaro le 30 août dernier : « Plus l’Europe s’étendra, plus, en fait, elle ne pourra que se diversifier, au moins transitoirement (…) Durant de longues années, sans doute, la structure de l’Europe comportera un corps central homogène, constitué essentiellement de la France et de l’Allemagne, soumis à des règles communes dans tous les domaines de la coopération, avec autour de lui des pays régis par des statuts différents selon qu’il s’agira des questions monétaires, sociales, militaires, commerciales, financières ou diplomatiques… ».
Il est clair que la construction européenne, dans sa totalité, se trouve emportée, depuis la chute du bloc soviétique en 1989, dans une combinaison de dynamiques qui la condamnent à se redéfinir, et d’abord impliquent son élargissement vers l’Est. Or cette construction reste inachevée ; si le marché unique et le système institutionnel (aussi bien les institutions de l’Union que les liens multiples entre les États membres) constituent une base, semble-t-il, solide, les finalités de l’unification demeurent ouvertes du fait tant des divergences entre les visions nationales que des divisions au sein même de chaque pays. Alors quelles sont aujourd’hui les questions centrales de l’Union, celles qui domineront la Conférence de 1996 ? À la lumière de celles-ci, une Europe unie différenciée est-elle possible ? Selon quelles modalités ?
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