L'auteur nous livre son opinion, très personnelle et très entière, sur l’embargo, l’inexistence de ses avantages et la gravité de ses inconvénients. Nos lecteurs ne partageront peut-être pas toutes les idées émises.
Libre opinion - L'embargo, solution de facilité dans les conflits internationaux
L’arme économique et financière est l’arme la plus utilisée dans notre monde contemporain : c’est l’instrument des pays industrialisés à l’encontre des autres. Selon l’importance et la puissance de la pression, il peut s’agir du boycott, de l’augmentation des droits de douane, de la discrimination tarifaire, du retrait de la clause de la nation la plus favorisée, de la liste noire, de la politique des quotas, du refus d’autorisation, du « dumping », de l’achat préemptif, du gel des avoirs, du contrôle des capitaux, des suspensions d’aides, de l’expropriation, de la taxation, du retrait des contributions aux organisations internationales, de la fabrication des faux billets, les restrictions de l’immigration…
Au cours de ces dernières années, les acteurs de la vie internationale que sont les États et les organisations internationales n’ont pas hésité à faire appel à un nouveau système pour tenter de résoudre les conflits internationaux : il s’agit des politiques dites d’embargo. Le but en l’occurrence est de tenter de provoquer l’étouffement d’un État jugé hostile et par là de le mettre hors d’état de nuire. Nous sommes loin de ce nouvel « ordre mondial » bâti sur le respect du droit. En soi, un tel objectif peut éventuellement être justifié, notamment s’il évite un conflit armé et s’il résulte d’un embryon de consensus émanant de plusieurs États. Or, en réalité, il n’en est rien : la plupart du temps, les embargos sont des mesures émanant de la seule politique étrangère américaine, qui produisent sur le long terme des effets contraires aux buts recherchés, qu’il s’agisse des dispositions mises en œuvre à l’égard de Cuba, de l’Irak, de la Corée du Nord, de la Libye, de l’ex-Yougoslavie et récemment de l’Iran.
À l’évidence, la troisième guerre mondiale a commencé par le domaine économique : le mode de vie occidental entraperçu par le reste du monde fait désormais partie du standard de vie international, or il est inaccessible à la plupart des populations. La puissance d’une nation ne se mesure plus en mégatonnes mais à partir de son potentiel industriel. À l’heure où 15 % de la population du monde consomment plus de 60 % des revenus, les conflits armés deviennent anachroniques : il s’agit davantage de diligenter des conflits pour accéder à des marchés ou bien en étouffer d’autres. Diplomatie, défense et action économique ne font plus qu’un.
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