Pages d'histoire - Napoléon et Lazare Carnot
Élu membre du Directoire le 25 octobre 1795, Lazare Carnot avait repris naturellement la conduite des affaires militaires. Un de ses premiers soins fut de remplacer à la tête de l’armée d’Italie le vieux et incapable Schérer par Bonaparte, comblant ainsi les vœux de ce dernier. Rongeant son frein et piaffant d’impatience, le jeune général se flattait de balayer les Autrichiens en six semaines.
À ceux qui raillaient sa mine chétive, Carnot, qui l’étudiait de près et pressentait sa valeur exceptionnelle, avait répondu : « Ne vous y trompez pas, ce petit homme est de première force et capable de tenir parole. » Avec ses 38.000 hommes « mal nourris, mal vêtus » Bonaparte, prenant résolument l’offensive, perçait le centre de l’armée ennemie à Montenotte, séparant les Piémontais des Autrichiens puis battait les premiers à Millésimo et les seconds à Dego. « Recevez mes félicitations pour vos brillants succès, mandait Carnot au vainqueur. La France et l’Europe ont les yeux sur vous. Vos triomphes sont ceux de la Liberté, et sans doute vous ne remplirez pas à demi la tâche glorieuse qui vous est confiée. »
Bien que nul chef n’ait moins besoin d’être stimulé que l’impétueux Bonaparte, le Directeur lui prodigue les conseils d’ordre tactique, toujours axés sur l’offensive. « Agissez avec la rapidité de l’éclair. Marchez, point de repos funeste. Frappez encore, frappez vivement, frappez durement. » Carnot lui recommande également d’attaquer avec toutes ses forces. « Attaquez Beaulieu avant que des renforts puissent le rejoindre. Il ne faut pas vous affaiblir devant lui et surtout ne pas lui donner, par un morcellement désastreux, le moyen de vous battre en détail. »
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