L'industrialisation des Départements d'outre-mer
Des parfums de vanille, l’image nonchalante des champs de canne, semés d’usines que l’on aurait cru parfois dessinées par Dubout, enchantent encore qui rêve des Îles.
L’ère bucolique, où le fruit de l’arbre à pain suffisait à la nourriture de populations peu nombreuses, n’est plus qu’un souvenir. Certes, le soleil demeure, et la grâce de l’accueil. La beauté du décor a fait éclore, avec le développement du tourisme, des industries du loisir. Mais l’hôtellerie n’assure pas, à elle seule, la prospérité. Depuis dix ans, sucre, rhum, banane, victimes d’une crise agricole mondiale, ne sont plus que les moteurs essoufflés de l’expansion. Pour lutter contre la concurrence, il a fallu mécaniser et concentrer. Nombre d’usines à sucre ont dû fermer leurs portes. Ainsi, les rigueurs du progrès technique limitent les emplois que les secteurs traditionnels de l’activité peuvent offrir. Dans le même temps, l’application de la législation sociale métropolitaine, favorable à la natalité, multiplie les bouches à nourrir. L’insularité dressant une barrière naturelle à la mobilité de la main d’œuvre, le déséquilibre s’accentue dans la situation de l’emploi. Pour emprunter une formule célèbre, la population croît plus vite que les subsistances. En Guyane seulement, l’expansion pâtit de l’insuffisance du peuplement. Ailleurs, la surpopulation engendre un chômage endémique. Pour en atténuer les effets, le Gouvernement a organisé la migration. Dix mille jeunes Antillais et Réunionnais partent ainsi, chaque année, travailler en métropole, sous l’égide du Bureau pour le Développement des Migrations intéressant les Départements d’outre-mer (BUMIDOM).
Bien que la migration soit, quand elle est volontaire, expérience enrichissante, il n’est pas bon que la nécessité l’impose. C’est sur place qu’une solution au problème de l’emploi doit être trouvée. Elle est dans l’essor industriel. Cet essor permettra à chaque homme, sans avoir à quitter la terre natale, d’utiliser ses capacités. C’est la condition d’une promotion sociale collective et de l’épanouissement individuel.
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