Le 22 janvier 1972, les plénipotentiaires de dix nations européennes ont signé à Bruxelles le Traité relatif à l’adhésion à la Communauté économique européenne de trois Royaumes et d’une République. Le 17 octobre de la même année Sa Majesté la Reine Elizabeth II donnait son « Royal assent » à l’Acte de ratification, voté en dernière lecture par la Chambre des Lords après la Chambre des Communes. Finalement le 1^er janvier 1973 voyait la naissance de l’Europe à Neuf, après la défection, provisoire sans doute, de la Norvège.

Pour la Grande-Bretagne, ce tournant historique, intensément voulu par son Premier Ministre, M. Edward Heath, européen des premières heures, est le début d’une aventure, certains disent d’une renaissance, qu’il convenait de saluer solennellement. Sur le thème de « Fanfares pour l’Europe », de multiples manifestations politiques, économiques, artistiques, marquèrent en effet ce passage. Mais nulle part sans doute la joie n’était plus sincère, ni l’attente plus ardente que dans cette collectivité puissante, que forme depuis plusieurs siècles la Cité de Londres.

À vrai dire l’action effective n’avait pas attendu le 1^er janvier 1973. Anticipant sur l’événement, hommes d’affaires et banquiers, depuis 1971 et surtout après la signature de janvier 1972, avaient commencé à en escompter les dividendes. Ce fut un spectacle surprenant et qui illustrait bien l’opposition entre la lente évolution des mentalités collectives et la capacité rapide d’adaptation et de réaction de professionnels rompus à l’analyse des situations ou des bilans, et entraînés à saisir promptement les chances offertes.