L'amour des dames pour la France
Sous un titre au parfum de Pléiade, l’auteur, civil mais très engagé dans les activités et les sujets militaires, égrène les générations de Françaises qui servirent le pays parfois héroïquement, sans obligation mais par un désir de participation que souligne en préface Michèle Alliot-Marie.
Selon un cheminement chronologique, le panorama s’attarde, à partir du stupéfiant épisode de Jeanne d’Arc, sur les volontaires des guerres européennes et coloniales du XXe siècle, comme les fameuses « Rochambelles » de la future madame Massu, et sur les figures de la Résistance, plus ou moins célèbres mais toutes valeureuses et intrépides. Pour d’autres époques, l’ouvrage abandonne les biographies détaillées et glisse vers une sorte d’annuaire, non dénué au demeurant de passages pittoresques, par exemple lorsqu’il s’agit de ces vivandières et soldates plus ou moins déguisées de la Révolution et de l’Empire, accumulant les « coups de sabre à Jemmapes » et les « blessures à la cuisse à Austerlitz ».
Il ne nous revient pas ici de citer toutes ces dames dont les mérites furent d’ailleurs variables ; mais il est difficile de négliger cette Ginette Marchais, citée au titre des FFI à l’âge de… douze ans (!) ; ni les deux Maryse, aviatrices de légende tombées l’une et l’autre glorieusement ; pas plus que les « Indochinoises », de la chère Valérie André à Geneviève de Galard et Brigitte Friang. Qu’il nous soit permis ici un unique mouvement d’humeur en lisant qu’Éliane Jughon bénéficia d’une permission « pour compenser les samedis et dimanches » passés sur le terrain. L’allusion faite peut-être ironiquement à une RTT avant la lettre, nous a paru de mauvais goût.
Si l’ensemble porte principalement sur les services militaires, conformément au domaine de prédilection de Joseph Muller, et bien que le milieu ait connu longtemps une certaine misogynie, d’autres secteurs sont mentionnés car ayant évidemment leur place dans le palmarès, comme pour la courageuse Sarah Bernhardt ou la géniale Marie Curie ; et on enrôle même le chevalier d’Éon pour faire bonne mesure. Des aspects variés sont évoqués, comme l’influence de la passion amoureuse, les nombreux livres rédigés par les intéressées sur leurs expériences, les décorations obtenues… À noter la progression dans les grades et dignités de la Légion d’honneur au rythme d’un cran ultime par République : commandeur sous la IIIe, « grand-o » sous la IVe, grand-croix sous la Ve ; illustration d’une fin quelque peu triomphaliste qui voit de nos jours tomber barrières et préjugés, s’ouvrir les portes des grandes écoles et pleuvoir les étoiles. ♦